Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Par www.marianne2.fr
Le soleil, la mer, les cigales... la Côte, c'est le rêve. Un rêve qui, hélas, tourne au cauchemar de béton. Entre associations de défense du littoral et promoteurs-prédateurs, la guérilla immobilière fait rage.
 
Petit à petit, la ville prend le dessus sur les chênes-lièges, les pins parasols, les mimosas, et s'accroche toujours plus haut sur les pentes. Comme au Lavandou, par exemple, où les lotissements et les immeubles protégés de murs d'enceinte digicodés grignotent, chaque année un peu plus, les flancs du massif des Maures. «Les prédateurs immobiliers fondent sur le Var, s'alarme Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement et avocate. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a plus de place dans le département voisin, les Alpes-Maritimes, où tout l'espace disponible a été bétonné.» Elle parle en experte: de nombreux dossiers conflictuels et parfois sulfureux parviennent à son cabinet, adressés par des associations d'habitants ulcérés par la pression de l'urbanisation.
Le Var préservé: fin d'un mythe
… «Vu de loin, on a l'impression que le code de l'urbanisme, appuyé par la loi littoral votée en 1986, protège la côte varoise des excès des Alpes-Maritimes, explique Martine Lafontaine, présidente de l'ADEBL (Association de défense de Bormes-les-Mimosas et du Lavandou) (1). En réalité, la pression est constante; sans les actions de nos 300 adhérents, les maires et les promoteurs auraient construit jusqu'au ciel !» En vingt-cinq ans d'existence, son association comptabilise 42 procédures en instance auprès des tribunaux administratifs, qui se sont soldées par 22 annulations en 2000. «L'histoire de la ZAC (zone d'aménagement concertée) lancée à la fin des années 70 par la municipalité est, pour nous, exemplaire», avance-t-elle quand il s'agit de décrire les maux qui rongent la Côte d'Azur.
Pas moins de 70 000 m2 de surfaces habitables devaient être construits à Cavalière, qui dépend de la commune du Lavandou. Si le projet avait été réalisé, 4 500 nouveaux habitants se seraient joints aux 250 déjà établis. Une ville nouvelle ! «Sans les services qui lui auraient permis de fonctionner, précise Martine Lafontaine. Sans commerces supplémentaires, sans Poste, sans pharmacie. Pas étonnant, puisqu'elle ne devait vivre que trois mois par an. Une ville fantôme...»
Saisis par l'association, le tribunal administratif de Nice, puis, en 1994, le Conseil d'Etat, ont bloqué le projet, estimant le site remarquable, donc inconstructible. Dans la foulée, ils ont jugé qu'un tel afflux de population nuirait à l'équilibre local…
La justice a donc entendu les opposants. Mais il lui a fallu quatre ans pour rendre son verdict définitif. Pendant ce temps, les bétonnières ont tourné: un tiers du programme a été réalisé. «Nous aurions pu attaquer les permis de construire et nous aurions sans doute gagné, regrette la présidente de l'ADEBL. Faute de moyens, nous n'avons pu attaquer tous les permis et nous substituer à l'Etat et à l'Administration, qui n'a pas fait son boulot.» Que font, en effet, les services de l'Etat ? Ici, ils attribuent sans broncher les permis de construire; là, ils ne s'inquiètent pas du détournement des autorisations accordées.
L'histoire de la ZAC du Lavandou ne s'est pas terminée aux portes du Conseil d'Etat. Comment s'y prend une municipalité disposant d'un territoire juteux lorsqu'elle veut aboutir coûte que coûte ? Elle spécule sur la lassitude des opposants et sur l'inertie de l'Etat en profitant des lois de décentralisation. Dans ce lieu réputé de villégiature, malgré les décisions des tribunaux sur la densité de population, des opérations sont menées en bordure des terrains inconstructibles. Tout est fait pour ne pas prononcer les mots qui froissent la loi de 1986, «lotissement», par exemple. Alors les projets se transforment en «parcs résidentiels de loisirs» voués à la tenue de séminaires; les constructions deviennent «légères», en fait, des chalets en bois proposés à la vente avec un tableau de rentabilité locative; les dépliants promettent une piscine, des salles de sport et un sauna, des salles de réunion. «Légères sur le papier, ces constructions ont toutes les chances de devenir dures, s'inquiète Martine Lafontaine, ce qui constituerait un détournement de la décision du tribunal administratif.» Son association a attaqué le permis de construire des 100 chalets du parc Alconis devant le tribunal administratif de Nice; il lui a donné raison et a ordonné la suspension du chantier. Mais la guérilla promet de rebondir...

Lire tout l'article de Marianne
Action 19-08-2009 de l'association de défense de l'environnement Bormes-le Lavandou

Tag(s) : #Urbanisme
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :