A contrecourant de l’évolution sociétale le Lavandou affiche 25 ans de retard sur l’inexorable transformation du marché du tourisme.
Si le tourisme de masse est devenu une menace pour la planète... c’est aussi vrai pour notre commune. La pandémie a profondément changé notre sens du voyage et des vacances. Face aux pollutions, dérèglements climatiques et aux dégradations, la surfréquentation du littoral varois cumule incivilités, promiscuité, destructions, médiocrité des services, bulle immobilière, locations indignes, nuisances sonores, arnaques…
Les collectivités les plus lucides prennent des mesures de régulation pour ne pas disparaitre des destinations réputées.
L’exemple est d’abord venu de l’extérieur : Barcelone, Rome, Venise, Santorin, Thaïlande, Nouvelle-Zélande, Bhoutan, Machu Picchu… et gagne progressivement l’hexagone : Porquerolles, Cassis, massifs varois… où quotas, taxes, interdictions et permis de louer sont les premiers signes d’un tourisme responsable.
En 25 ans, le Lavandou a vendu son âme au tourisme de masse reléguant le petit village de pêcheurs en cité dortoir; remplaçant la culture provençale par des sardinades et des kermesses à ciel ouvert, tondant les bidochons en mal de congés payés, issus des ghettos urbains et coutumiers des séjours tapageurs.
Sans crier gare l’overtourisme "sea-sex-sun" s’est installé sur la Côte varoise contribuant au désordre du territoire, attisant la concurrence entre les communes. Conséquences : déceptions, courts séjours, forte concentration estivale, immobilier débridé. Les chiffres arrangés par les "bien-pensants" masquent la chute annoncée de recettes trop faciles, cultivées par des mairies sans projet.
Attention ! Réguler ne signifie pas interdire mais qualifier le tourisme que nous souhaitons avoir. Or, nous sommes plutôt préoccupés à rattraper deux ans de privation sans nous soucier des conséquences sur notre qualité de vie et l’environnement de notre commune.
Il manque dans notre pays une politique publique des déplacements, des calendriers scolaires, de la formation des élus et une coordination territoriale... Il y a des endroits où l’on est trop nombreux au même moment.
Alors, comment fait-on pour changer les habitudes, pour que les gens n'aient pas les mêmes projets, n'aillent pas au même endroit au même instant ?
La surenchère de concerts et de spectacles sur Hyères, La Londe, Bormes, le Lavandou, Le Rayol ou Saint -Tropez, entre le 14 juillet et le 15 août, signe l’échec des uns et des autres. C’est à qui pèchera plus de poissons que son voisin lors de cette transhumance miraculeuse. Sans pour cela agir sur les 360.000 emplois non pourvus dans le tourisme dont 50% en saisonniers.
Par exemple au Lavandou : le port est un magnifique parking à bateau ; le centre-ville un formidable Luna-park, le stationnement un juteux jackpot ; les plages rivalisent de propreté quand les toilettes fonctionnent, la musique n’est pas trop noctambule... Mais quelqu’un s’est-il posé la question de l’arrière-pays, des conférences, des visites guidées, des séniors, d’une maison de santé, d’une formation des saisonniers, de l’artisanat, du télétravail… ? N’y a-t-il pas autre chose que la plage ?
Le poids de l’habitude, le ronronnement, le manque d’ambition des mêmes élus ventripotents, aux poches gonflées, est affligeant dans cette commune, qui doit tout au tourisme. Hélas ici, en 25 ans, le sur-tourisme s’est transformé en sous-tourisme… dans l'indifférence générale.
Silence... c’est l’heure de la sieste au Lavandou !
Cercle d’études Reyer
Emmanuel Moreau