Ce néologisme du XIXe siècle qui s'inspire de l'utopie est la fâcheuse tendance de l’homme public à réécrire l’histoire, non telle qu'elle fut, mais telle qu'elle aurait pu être, à ce qu'il croit, et il ne nous avertit ni de ses erreurs volontaires, ni de son but.
Ce laboratoire dissimulé de la réalité transformée dispense aux esprits faibles sa flatteuse manipulation.
Ainsi la France efface des mémoires sa "glorieuse" épopée coloniale, son pétainiste de 1940-1944, la guerre d'Algérie.... la Russie "libère" les pays corrompus du nazisme (niant sa collaboration avec Hitler dès 1939)... l’Amérique n’a jamais "exterminé" les Indiens... la Chine "rééduque" les Ouïghours dans des camps... l’Afrique n’est pas "pillée" par ses colons successifs... le Brésil ne déforeste pas l’Amazonie mais "modifie" son agriculture …
Les idéologies exaltées se convertissent en allégories subtiles pour des peuples en souffrance qui permettent l’enrichissement personnel de leurs dirigeants. C’est que le niveau moyen des électeurs dans le monde ne dépasse pas 300 à 400 mots de vocabulaire (soit 0,3 % d’un dictionnaire universel).
L’uchronie est donc l’art du récit bien réécrit, similaire au vrai jusqu'à un certain événement, qui, lui, diffère de ce qui s'est produit tel que nous le connaissons.
Au Lavandou : eau chaude thermale, piscine d’eau douce, éradication des pigeons, tourisme prospère, dette inexistante, perspicacité immobilière, cinéma rentable, Villa Théo très fréquentée, courant Ligure vaincu, Eldorado permanent, naissances frénétiques, saisonniers heureux, plein emploi des jeunes, quartiers sécurisés, gloire à l’argentier déchu… sont l’uchronie du "bonheur local brut".
Ici, les mauvais romans de l’hubris s’enchaînent mais ne se vendent plus bien que la peur de la réalité pousse nos "con-citoyens" à avaler ses jolis contes pour enfants.
Cercle d'études Reyer
Marie-Noëlle NOBLE