Dans le Var les chefs de clan dictent la loi aux vassaux qui se sont progressivement glissés dans les arcanes institutionnelles (en tant que maires, conseillers généraux, sénateurs, députés, etc.) et contrôlent leurs territoires selon le principe de l’étouffoir féodal. Cette vassalité politique - version moderne de la tribu - associe quatre éléments : le bipartisme, l’affiliation obligée, l’organisation en réseaux et l’exercice partisan du pouvoir. Il se traduit par les petits arrangements entre soi, la pratique clientéliste et, pour finir, les affaires douteuses et la corruption.
La perméabilité entre pouvoir officiel et pouvoir occulte se vérifie chaque jour dans les prétoires autour des juteux marchés publics (BTP, voirie, eau, déchets industriels et ménagers, plages, promotion immobilière…) et les activités privées (jeux, complexes touristiques, parcs d’attractions, parkings, ports…) dévoilant une économie souterraine qui empoisonne le littoral varois.
Lutter contre ce système protéiforme conduit à l’exclusion sociale, le strapontin électoral voire l’élimination radicale. Souvent se sont les mêmes qui conduisent carrière politique et redistribution des richesses révélées par les repentis, les marginalisés du clan, les fusibles inutiles et les retournements d'alliances.
Le Var est sans aucun doute le département français où les liens politico-mafieux sont les plus développés via prête-noms, sociétés fantômes et montages sulfureux. Autour de Toulon, toutes les villes proches de la côte sont touchées. La filière italo-corse a toujours été l'une des plus productive et des plus efficaces du milieu varois (la plus violente aussi) et s'est souvent distinguée par ses accointances avec le monde politique local jusqu’au cœur des mairies. Mais, la mafia est aussi internationale avec de nouveaux acteurs : russes, européens de l’Est, chinois, israéliens et un changement de business : drogue, matières premières, cybercriminalité, rançonnage, vol de yachts de luxe …
"la mafia est partout où il y a de l’argent" employant les mêmes méthodes pour s’emparer de la manne des marchés publics ou privés.
De discrets élus varois sont sous l’influence de la mafia. La promotion immobilière est souvent à l’origine des guerres claniques et des pactes de corruption en col blanc. Quelques dossiers sulfureux de permis de construire irréguliers occupent les tribunaux administratifs à Nice, Draguignan, Toulon, Marseille, lorsque les citoyens font de la résistance. Mais rarement les élus y sont condamnés pour leur innocente signature.
Les stations balnéaires du Var pratiquent la combinaison gagnante : hôtellerie, golf, overtourisme, immobilier, casino où se dissimulent des sommes colossales venues de nulle part. Si les Russes défraient en ce moment la chronique, ils ne représentent qu’un petit dixième de l’argent illégal.
Exemple - parmi tant d’autres - de cette petite commune hébergeant la sixième fortune du Kremlin dans son hôtel résidence ; acceptant par ailleurs un complexe hôtelier inachevé depuis 5 ans sur son domaine maritime ; accumulant une valse d’établissements subitement prospères sans pour autant changer de propriétaires ; entendant parfois des pétarades ou subissant d’étranges incendies … tout cela à son insu ! Les mafieux s’entendent toujours avec les "lei brulo-pèd" locaux.
C’est que la "pieuvre", qui n’a ni odeur, ni couleur, ni parti, adore l’immobilisme politique qui maintient l’incompétence, flatte l’égo et ruine la respiration démocratique. Le cumul et la longévité des mandats est d’ailleurs pour le Parquet Financier le premier signe qui déclenche sa curiosité, tout comme la prolifération d’innocentes SCI autour des dossiers d’urbanisme et des élus. En 2022, 2.000 signalements à Tracfin, pour un montant total de 2,3 milliards €, ont été formulés par des notaires et dans le Var le nombre de fraudes aux finances publiques a été déclaré "assez inquiétant" par le Ministère de la Justice.
Du clanisme féodal à la mafia internationale, le Var est au carrefour de toutes les singularités !
Cercle d'études Reyer
Marie-Noëlle NOBLE