Importune surprise lors du dernier appel d’offres de la mairie du Lavandou: le renouvellement du contrat de délégation de service public de l’eau en faveur de la "moins disante" SAUR. Cela en dépit du rapport de la Cour des Comptes qui épingle cette entreprise pour son attitude abusive sur le prix du M3 et le laxisme de la commune à surveiller sa délégation. C’est que la rusée SAUR vient de baisser subitement son tarif de 35%, afin de conserver le pactole. Or, rien ne présage la survie de la SAUR en quasi faillite, comme l'assure un malheureux concurrent "avec 1,9 milliard d'euros de dette pour un chiffre d'affaires de 1,7 milliard, la Saur doit être d'urgence recapitalisée si elle veut survivre".
Dernièrement au Lavandou, la Cour des Comptes a établi que "les deux contrats de délégation de service public passés avec la société SAUR pour l'eau et l'assainissement, font l'objet d'un suivi très insuffisant de la part de la collectivité. La détérioration continue du rendement du réseau, la croissance rapide des charges de personnel imputées par le délégataire pour un format d'équipe constant (constatée dans les deux services) et l'écart croissant entre prévision et réalisation, n'ont pu être expliqués. Il appartenait pourtant à la commune de s'enquérir auprès du délégataire de cette dégradation sensible du rapport coût-rendement du service, alors que les usagers ont subi des hausses tarifaires significatives"
Dans les faits, la commune n’a assuré aucun suivi économique sur le délégataire la SAUR (en place depuis 1978 pour le réseau d’eau et 2004 pour l’assainissement). Pire, en 2009 la commune encaisse 99.000€ du délégataire sans raison plausible, ni justification de redevance (erreur comptable explique le maire). En 5 ans le prix du M3 d’eau bondit de 3,58€ à 4,76€ soit +33% et, sur la même période, l’abonnement progresse de +21,3% sans curiosité de la commune.
Le maire du Lavandou, en mal de bonne image, pourrait se flatter de cette réduction suspecte de -35%, mais serait bien mal placé d’avoir laissé ce délégataire en roue libre (depuis ses 18 ans de mandat) sans s’alarmer sur cette valse des tarifs.
En clair, depuis des années la SAUR surfacture le prix de l’eau et dégrade sa prestation sur le dos des lavandourains, dans le silence assourdissant du conseil municipal. En baissant subitement son prix de 35%, lors de ce renouvellement, la SAUR valide l’accusation de la Cour des Comptes. La commune doit donc engager au plus vite une procédure en remboursement du trop-perçu depuis des années et rendre l’argent aux lavandourains.
Qui pourra croire que l’on peut impunément pratiquer de tels agissements ? Le directeur des services de la mairie, les conseillers municipaux du Lavandou auraient pu user de leur droit d’alerte auprès du Procureur de la République, afin de dénoncer cette pratique. Comment Gil Bernardi (qui surveille tout, partout, si prompt à la procédure) a-t-il pu permettre cette situation ? Des soupçons de conflits d’intérêts se profilent à la veille des municipales, dont il faudra surveiller les généreux donateurs.
L’eau, les déchets, les permis de construire sont les trois sources de corruption en France….dans l’inapplication des textes légaux. Pour l’eau, trois grands groupes se partagent l'essentiel des appels d'offre lancés par les collectivités locales, rendant parfois difficile une réelle mise en concurrence. La Lyonnaise des Eaux (filiale de Suez Environnement), la Compagnie générale des eaux (devenue Veolia Eau) et la SAUR contrôlent plus de 98% du marché des délégations de service public. Dans ce trio, la SAUR occupe une place moins importante. Surtout présente dans les zones rurales et périurbaines, elle revendique la gestion de l’eau et de l’assainissement dans 6.700 communes, desservant 7 millions de consommateurs. On se souvient encore de la bataille entre le Lavandou et Bormes lors de l’attribution du marché de la station d’épuration du Sivom. Les maires se sont étripés sur la technologie, comme des représentants de commerce, sans y connaitre grand-chose. Certaines villes ont décidé récemment de retourner à une gestion en régie publique, c’est-à-dire sans passer par une entreprise privée. L’exemple le plus marquant est celui de Paris, revenu au système de régie début 2010. Partout, la Cour des comptes reproche à ces trois sociétés privées l´opacité, la mauvaise qualité de l´eau, des fuites d’eau très élevées dues à une insuffisance d’entretien des canalisations, une augmentation continue des prix et l’abus de leur situation de monopole. Ceci pour maximaliser les profits des actionnaires . Au nom de la concurrence et du marché, le trio, frappe à la porte des communes à court d´argent, conséquence de la politique de décentralisation et du désengagement de l’Etat français envers les régions. Imparablement, dès que leur compétence est remise en cause, le prix de l’eau baisse. Un bon moyen d’éviter la concurrence où un retour à la régie municipale. En régie publique, le prix du service de l’eau est inférieur de 20 à 45 % (même si le personnel est repris) et surtout les comptes deviennent plus clairs. Et pour l’entretien des canalisations, le constat est sans équivoque: Quand l’entretien est effectué sous régie publique, la perte de l’eau par des fuites est réduite de -3% à -12% mais en gestion privé les fuites présentent entre +17% à +27%.
Selon nos informations, la SAUR, placée sous mandat ad hoc, serait dans l’impasse, car le plus exposé de ses 60 créanciers, BNP Paribas (qui détiendrait 450 à 500 millions d'euros de son impressionnante dette), veut la lâcher. Olivier Brousse patron de la SAUR aurait déjà entamé de rudes négociations avec elle pour tenter de trouver une issue.
Décidemment, après les mauvais choix de Dexia, Finareal, Epic tourisme, PLU…le maire du Lavandou confirme son incompétence communale, trop longtemps ignorée des lavandourains et révélée par la Cour des comptes. Le prix de l’eau éclabousse désormais le maire du Lavandou, alors que la SAUR a su habilement annihiler toutes revendications de sa part. Reste à en connaitre les raisons ?...