La réforme du traité de Lisbonne accélérée par le Président français ne présage rien de bon pour la France sauf de la sauver d’une possible banqueroute. L’essentiel de la modification porte sur la création d'un filet de sécurité permanent pour les pays de l'Union monétaire qui seraient en grande difficulté, comme la Grèce au printemps, avec le souci de rassurer les marchés. En l'état actuel, le traité de Lisbonne stipule en effet qu'un pays européen ne peut être sauvé de la banqueroute par ses partenaires. La mise en place est demandée pour juin 2013, date de tous les dangers, après la réélection de notre président. Cette disposition permettrait à la France de solliciter ses partenaires européens, le FMI et le secteur privé (banques et assureurs internationaux). Mais la contrepartie serait une surveillance accrue avec de nouvelles sanctions à l'encontre des pays trop laxistes, qui s'appliqueront plus tôt et plus durement, même lorsque la limite européenne de déficit annuel de 3 % du PIB n'est pas encore atteinte. Petit rappel : la France a promis trop rapidement de ramener son déficit de 8% du PIB à ce niveau en 2013. Pour éviter de passer par des référendums impopulaires et des débats risqués au Parlement européen, comme l’exige la constitution, les Etats membres souhaitent recourir à l'article 48-6 du traité qui permet une procédure accélérée de sa révision sur l’argument fallacieux d’une « légère modification ». Simple routine pour le président français habitué à se passer de l’avis des autres. Mais l’issue est incertaine dans la mesure où 10 ans ont été nécessaires pour élaborer ce traité de Lisbonne qui n’est en vigueur que depuis 1 an à peine. Introduire cette modification nécessite de faire le tour des 27 Etats membres, qui du coup vont observer de plus près les Etats en difficulté financière. D’autant que la situation alarmante de la France, largement suspectée de bienveillance par le parlement européen, est dénoncée par les petits membres qui réclament pour l’occasion une nouvelle répartition des droits de vote. Sur le champ médiatique, le président français fait triple "bingo" en détournant l’attention des médias de la réforme des retraites, en préparant l’après 2012 - avec ou sans lui - et en se posant comme l’incontournable chef de file européen, futur maître du G20. Si son mandat présidentiel est reconduit, il poursuivra la réforme de la France sans craindre la panne sèche avec l’aide éventuelle du FMI, de son cercle d’amis du CAC40 et le soutien de l’Allemagne pour une mutualisation des risques. En cas de défaite ou de forfait électoral, le président coupe la route aux futurs vainqueurs qui devront gérer la crise financière devant le parlement européen, la corde au cou, sans possibilité de revenir sur les réformes. Imaginez que le nouveau président permanent de l’Europe s’appelle précisément… Nicolas Sarkozy, en remplacement d’Herman Van Rompuy dont le mandat expire en mai 2013 ?