L'opération des deux prises d’otages est un succès total pour les Djihadistes dont la médiatisation a été bien supérieure à l'exécution d'un journaliste en terre d'islam. Daech va couvrir de gloire les martyrs morts pour la cause et le système va enfanter de nouveaux candidats pour de nouvelles actions. En donnant un coup de pied dans la fourmilière en Libye, Mali, Yémen, Afghanistan, Irak, Soudan… l’Occident a importé la guerre de religion chez lui. En vendant pour des milliards € d'armement à des intermédiaires anonymes et des pétromonarchies nous n'avons pas vu cet arsenal se retourner contre nous.
Islamisme radical d’un côté, explosion du populisme de l’autre, l’Europe, et notamment la France, se sécularise de plus en plus - 74% des Français déclaraient croire en Dieu en 1952 contre 54% aujourd’hui, dont à peine 20% de façon certaine. De l’inculture politique à l’abandon religieux, l'imbécillité collective comble le vide par le nationalisme narcissique, jetant dans le même sac chrétiens de l’Est, palestiniens et islamistes du Sud. Dans le hit-parade de l’intolérance à la française, les Roms concurrencent les Serbes, Libyens, Turcs, Syriens... et hier, Russes, Espagnols, Italiens… Cependant ces migrants ont tous un point commun : fuir la misère et la guerre engendrées par l’insouciance de notre société de nantis. Si le pain vient à manquer, il nous faut des coupables. En 1789 : la noblesse et le Tiers Etat ont fait l'affaire ; en 2015 : les illégaux et les fraudeurs prennent le relais.
Malheureusement, nous sommes la cause de ce désordre, transportant à la vitesse de Facebook notre matérialisme, nos pertes de valeurs, notre agnosticisme. Daech a compris notre faiblesse envoyant ses soldats rééduquer les "égarés et hérétiques", comme autrefois nos religieux évangélisaient (ou éliminaient) les sauvages, ceux sans Dieu révélé. Nous avons commis aussi notre lot d’exactions au nom du fanatisme religieux ! Les guerres de religion sont le vieux démon qui ronge notre société. La séparation entre temporel et spirituel est loin d’être réalité. Faut-il afficher des signes ostentatoires dans un espace public, porter la barbe, financer des lieux de cultes ? Jusqu’à l’ambiguïté de mettre à la charge de la République laïque les bâtiments cultuels. Chaque décision sectaire, comme l'arrêt du projet de mosquée à Fréjus, heurte les communautés pacifiques.
L’histoire de France est parsemée de guerres de religion : catholiques, protestants, cathares, croisés... Toutes sont un leurre politique dissimulant la misère économique du moment. L’islamophobie est la dernière illustration du courant nationaliste européen, mélangeant immigration, droit d'asile, humanitaire, liberté de circuler. Il était évident que la destruction apparente d’Al-Qaïda, portée par l’opinion occidentale, conduirait à l’atomisation d’un terrorisme à la carte. Les chinois ont tenté le chemin inverse en s’unifiant dans une philosophie unique (de 1966 à 1976 toute pratique religieuse était interdite) puis politique, sans davantage de succès du côté du Tibet, Taiwan et bientôt Hong Kong.
Mais la religion unique ne peut convenir à une planète heureuse. Accepter l’équité, le respect de l’autre, la pluralité de pensée, la solidarité des peuples et le partage des richesses, n’est pas un signe de faiblesse mais d’harmonie. Les politiques quémandent maintenant l’unité populaire face au mal. Un comble pour ces ambitieux qui ne répandent que la division autour d’eux, afin de conserver leur petit pouvoir ! Ils ne récoltent que ce qu'ils sèment: le désordre !