Renaud Persiaux I Sciences Humaines I Psychologie politique
Faut-il être fou pour arriver au pouvoir ou est-ce le pouvoir qui rend fou ? Sans doute les deux, explique Pascal de Sutter, professeur de psychologie à l’université de Louvain-la-Neuve et expert auprès de l’Otan, dans ce livre rempli de paradoxes. Car « la folie, chez un homme politique, c’est un peu comme la tuberculose pour les mineurs du siècle de Zola, une maladie professionnelle, un risque difficilement évitable». Mais ce serait justement un grain de folie initial qui protègerait l’Homo politicus de la « machine à broyer l’équilibre mental » qu’est le pouvoir et lui permettrait de ne pas sombrer dans un état pathologique.
Avec Pascal de Sutter, c’est la très secrète psychologie politique qui sort de l’ombre. Née en 1942 aux États-Unis avec le profil d’Adolf Hitler, elle permet notamment d’analyser à distance la personnalité des dirigeants, dans un but stratégique et diplomatique. Aujourd’hui encore, la CIA établit les profils des grands leaders mondiaux : en connaissant ses amis et ses ennemis, on peut les manipuler et éviter les impairs.
Comment s’établit, à distance, un profil psychologique ? Trois approches sont nécessaires : l’analyse verbale du discours spontané (notamment les interviews), l’analyse non verbale des expressions faciales et des gestes, les questionnaires des proches et des adversaires.
Après la théorie, Pascal de Sutter propose les profils de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. La première serait une méticuleuse-ambitieuse, consciencieuse et intègre, mais aussi rigide et autoritaire. Le second un ambitieux-dominant narcissique compensatoire, inventif et hyperactif, mais aussi méfiant et instable.
La psychologie politique peut-elle prédire le choix des électeurs ? Non, les paramètres en jeu sont trop nombreux. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que ce choix n’est pas rationnel, mais émotif, et que la communication non verbale est cruciale. Pour P. de Sutter, le sourire de S. Royal était un de ses atouts, par exemple.
Mais le plus cocasse, c’est que si les fous sont au pouvoir, c’est parce que nous les y avons mis justement parce qu’ils sont fous. Oui, nous votons pour les plus fous, pour les séducteurs, les menteurs et les enjoliveurs. Parce que leurs défauts nous rassurent sur nous-mêmes et que nous préférons voter pour ceux qui nous ressemblent plutôt que pour les rationnels ou les académiques. Celui qui peut être élu n’est pas forcément celui qui fera le bon dirigeant. L’électeur est peut-être plus fou que celui qu’il élit.
Sciences Humaines.com
Ces fous qui nous gouvernent
Faut-il être fou pour arriver au pouvoir ou est-ce le pouvoir qui rend fou ? Sans doute les deux, explique Pascal de Sutter, professeur de psychologie à l’université de Louvain-la-Neuve et expert auprès de l’Otan, dans ce livre rempli de paradoxes. Car « la folie, chez un homme politique, c’est un peu comme la tuberculose pour les mineurs du siècle de Zola, une maladie professionnelle, un risque difficilement évitable». Mais ce serait justement un grain de folie initial qui protègerait l’Homo politicus de la « machine à broyer l’équilibre mental » qu’est le pouvoir et lui permettrait de ne pas sombrer dans un état pathologique.
Avec Pascal de Sutter, c’est la très secrète psychologie politique qui sort de l’ombre. Née en 1942 aux États-Unis avec le profil d’Adolf Hitler, elle permet notamment d’analyser à distance la personnalité des dirigeants, dans un but stratégique et diplomatique. Aujourd’hui encore, la CIA établit les profils des grands leaders mondiaux : en connaissant ses amis et ses ennemis, on peut les manipuler et éviter les impairs.
Comment s’établit, à distance, un profil psychologique ? Trois approches sont nécessaires : l’analyse verbale du discours spontané (notamment les interviews), l’analyse non verbale des expressions faciales et des gestes, les questionnaires des proches et des adversaires.
Après la théorie, Pascal de Sutter propose les profils de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. La première serait une méticuleuse-ambitieuse, consciencieuse et intègre, mais aussi rigide et autoritaire. Le second un ambitieux-dominant narcissique compensatoire, inventif et hyperactif, mais aussi méfiant et instable.
La psychologie politique peut-elle prédire le choix des électeurs ? Non, les paramètres en jeu sont trop nombreux. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que ce choix n’est pas rationnel, mais émotif, et que la communication non verbale est cruciale. Pour P. de Sutter, le sourire de S. Royal était un de ses atouts, par exemple.
Mais le plus cocasse, c’est que si les fous sont au pouvoir, c’est parce que nous les y avons mis justement parce qu’ils sont fous. Oui, nous votons pour les plus fous, pour les séducteurs, les menteurs et les enjoliveurs. Parce que leurs défauts nous rassurent sur nous-mêmes et que nous préférons voter pour ceux qui nous ressemblent plutôt que pour les rationnels ou les académiques. Celui qui peut être élu n’est pas forcément celui qui fera le bon dirigeant. L’électeur est peut-être plus fou que celui qu’il élit.
Sciences Humaines.com
Ces fous qui nous gouvernent