Eclairons les consciences au Lavandou avec un peu de politique étrangère sur l’autre rive de la méditerranée. La petite dernière de l’OTAN a dû donner des gages pour s’asseoir à la table des grands. Avec ruse, la Libye est donc devenue la saga des télévisions nationales afin d’amener l’opinion sur l’idée d’une guerre juste et utile. Interprétant à sa façon les résolutions de l’ONU (qu’elle a rédigée elle-même), la France avait donc déjà organisée avant l’heure ses livraisons d'armes aux rebelles en Libye (mafia islamiste bientôt fréquentable). Fait reconnu par le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, lors d'une visite à Moscou. "Nous nous situons exactement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité" de l'ONU, a estimé le ministre, interrogé sur les critiques russes au sujet de ces livraisons d'armes. "Nous avons informé le conseil de sécurité et nos partenaires de l'Otan". "Nous avons sur ce point des divergences (avec la Russie), cela ne nous empêche pas de travailler ensemble", a poursuivi M. Juppé. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov s'est montré, lui, critique au sujet des largages d'armes françaises à la rébellion luttant contre le régime de Mouammar Kadhafi, dénonçant les différentes "interprétations" de la résolution de l'ONU autorisant le recours à la force pour protéger la population civile. "Actuellement, une situation très désagréable existe, (les résolutions sur la Libye) peuvent être interprétées n'importe comment", a-t-il relevé. En rouvrant son ambassade de Tripoli sous les balles, la France prend à contrepied ses alliés plus prudents. Cet empressement à courir devant est double : pétrole et réélection.
Pour le premier, c’est méconnaitre la nature arabe qui prendra à la France ce qui est utile dans l’urgence et préfèrera les appétits chinois pour son or noir. D’autant qu’il est prouvé l’activité discrète de la Chine en Algérie (notre fournisseur de gaz au prix fort) alliée de la Lybie contre l’islamisation propagée par le CNT (Conseil National de Transition). La France a donc fait le boulot de premier fantassin, sous les vivats internationaux et se fera coiffer par les habiles négociateurs déjà d’accord sur le partage du butin de guerre. C’est le scénario Afghan qui embourbe notre pays à 1 million € par jour, pendant que le trafic d’opium enrichit les dirigeants politiques et le scénario irakien où les Etats Unis n’ont pas réussi à ramener un baril de pétrole après 500 milliards $ de dépenses militaires…pour la libération d’un peuple ignoré des américains.
Pour le second, le risque d’une incompréhension populiste pourrait jouer contre sa réélection. Trop proche de la méthode Bush, qui a fait une guerre pour rien, les français sont opposés à une croisade pour les droits de L’Homme dans un pays dont ils ne savent rien d’autre que ce que la TV veut bien leur débiter. Surtout en ces temps de rigueur qui crispe l’opinion l’OTAN, "ce machin" comme disait de Gaulle, ne sera pas un bon parapluie. Abattre Kadhafi qui plantait sa tente en 2007 dans les jardins de l’Elysée laisse un arrière-goût de règlement de compte personnel (comme un litige commercial entre débiteur et créancier). Le coût de l’engagement français en Lybie [200 millions € selon les autorités - en réalité 3 fois plus] correspond exactement à la taxe des "très hauts revenus" (à partir de 500.000 euros de revenus fiscal, soit moins de 10.000 foyers, selon Bercy). Précisément ceux que l’on retrouve au CAC40 - semblables au cercle Dick Cheney qui s’est enrichi en Irak sur le dos du contribuable américain - profitant du pétrole, ciment, électronique, équipement militaire, eau, nourriture, énergie, BTP… D’ailleurs curieusement tous volontaires à cette surtaxe.
Tout cela est bien loin de la devise républicaine et "du sacrifice pour la liberté du peuple libyen" avec retransmission de cérémonies militaires, drapées d’arrière-pensées électorales pour le gogo. Car tout le monde savait que Kadhafi était le dernier rempart contre l’islamisation de l’Europe. Il le rendait bien en contenant ou ouvrant l’immigration au gré de ses négociations d’armes avec la France. Ainsi, un petit cercle politique joue au casino sur notre dos en essayant de se refaire une santé sur la Lybie, alors qu’il a déjà laissé 15 milliards € sur la table Grecque et 1 milliard € sur l’Afghanistan, la Lybie et la Côte d’Ivoire ! Quel rapport avec le Lavandou ? L’histoire peut être réécrite avec les protagonistes locaux. L’absence de transparence, le double langage, la manipulation, le petit cercle de bénéficiaires sont révélateurs d’une certaine kleptomanie du pouvoir. En politique il faut tuer avant d’être tué, au Lavandou c’est... l’inverse !
Anne Morelli, les vraies raisons de la guerre en Libye