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La conquête de la mairie j’en ai rêvé. Au début pour rendre service à mes concitoyens et redresser la barre d’une équipe sortante en déroute. Très vite, j’ai vu dans leurs yeux toute l’ingratitude et la jalousie. Pas tous ! les plus malins s’ingénient à me flatter afin d’obtenir de petits avantages que je ne refuse jamais histoire de les subjuguer. Cela me permet de garder le pouvoir d’une façon magnanime. De temps en temps je leur montre qui est le patron en publiant quelques arrêtés scélérats. En soufflant le chaud et le froid, j’ai brouillé leur envie de me virer, car ils espèrent tous une faveur de ma position.
Dans mon équipe, j’ai choisi soigneusement mes colistiers pour qu’ils ne critiquent pas mes plans. Je leur demande simplement de voter dans le sens qui m’arrange et de glorifier mes idées. D’ailleurs les indociles n’ont jamais de grandes fonctions et je garde la main sur leurs délégations dans le cas où ils auraient une bien meilleure idée que moi.
Côté personnel municipal ce n’est pas de mon ressort. J’exige et le directeur des services s’exécute comme mes chefs de service. On m’accuse d’avoir engagé trop de monde. Toutefois, ce n’est pas de ma faute si beaucoup tombent malades où sont surmenés par le travail.
Ce que je préfère, de loin, ce sont les discours. Je me transcende à faire des exposés fleuves sur tout et rien. Je perçois bien que mon auditoire fatigue mais c’est une bonne façon de lui montrer qui est le plus intelligent. En général, je ne supporte pas le débat avec plus forts que moi et si ça devient hasardeux je préfère quitter la salle par la petite porte…un coup de fil urgent fait souvent affaire
 ! J’aime bien la provocation, cela m’amuse et secoue le landerneau local.
humour-reforme.jpgPour les animations, je suis imbattable et je me demande encore où je vais chercher toutes ces idées qui laissent béats mes collaborateurs. Comme je n’ai pas le sou je me suis arrangé avec les banquiers qui me prêtent sans rechigner. Ils savent qu’ils pourront toujours se payer à perpète sur les impôts.
Et puis j’aime aussi la castagne devant les tribunaux car j’ai compris que la justice des hommes est variable.
L’astuce est de continuellement contester l’évidence, même venant de l’administration qui n’y connait pas grand-chose du quotidien d’une mairie. A ce petit jeu, c’est le dernier qui reste debout qui a toujours raison. Comme j’ai de bons compères avocats et l’argent public facile, il me faut simplement user de toutes les ficelles jusqu’à obtenir gain de cause. Imparable contre les gêneurs et les donneurs de leçon qui en veulent à ma fonction.
Tiens, en parlant d’eux, je ne peux m’empêcher de tacler mes opposants municipaux, qui se comptent sur le doigt d’une main. Toujours à la ramener sur mes faits et gestes. Heureusement, ils sont inaudibles et interdits de publications municipales où ils racontent n’importe quoi sur moi.
Pas comme les personnes âgées que je bichonnent exceptionnellement et qui me le rendent bien. Ah les braves gens, toujours avec le sourire, le mot gentil pour ma famille et mes actions, jamais négligées par le quotidien local à leur attention. Chaque Noël un petit colis, une galette et hop ! un bulletin de vote pour moi.
Pour mes frais, c’est assez génial. Je me suis octroyé une ligne budgétaire que mes colistiers ne contrôlent jamais par discrétion politique. Je rencontre tellement de monde que je pourrai aller dans les restos et partir en congrès toute l’année.
Oui, la conquête de la mairie j’en ai rêvé et maintenant je n’ai plus envie d’en partir. Pour quoi faire d’ailleurs ? Vous m’imaginez à ressasser mes exploits d’hier dans les bistrots ou mouliner quelques cannes à pêche sur la plage ? J’ai quand même encore un rêve secret: mon buste en marbre à la mairie et une belle plaque dans la rue principale. Avec cette reconnaissance suprême, je me dirai que j’ai eu raison de mes détracteurs. Vous me trouvez un peu mégalo ? sachez que je ne suis pas n’importe qui dans mon village. J’ai serré la main des plus grands, fait avaler plus d'une couleuvre à mes électeurs, supporté les railleries sans broncher, mouillé ma chemise... et si le 21 décembre 2012 était la fin du monde, aucun doute je ressusciterai quelques jours plus tard !... Je suis maire...mais je me soigne, ne vous en déplaise !

Tag(s) : #Démocratie
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