Hélas ! Le marketing politique a vite repris ses droits et le "chacun pour soi" surfe habilement sur l’effet de souffle du 11 janvier. Nouvelle édition surmédiatisée à 7 millions d’exemplaires en 13 langues sur 24 pays (contre 60.000 habituellement), appels aux dons, débats, forums, programmes scolaires, médailles, sondages élyséens, gadgets en ligne, … la coupe est pleine !
Certes, 3,7 millions de personnes dans la rue c’est impressionnant, mais toutes n’avaient pas la même motivation à battre le pavé. Certaines exprimaient leur ras le bol des politiques qui divisent, d’autres défendaient la liberté d’expression bafouée, d’autres encore venaient protéger ce qui reste de la République et pas mal prenaient l’air par simple mimétisme. Fidèle à ses fondamentaux la UNE du 14 janvier soulève déjà la controverse. Mais, dans cette affaire tout le monde est gagnant : le Djihadisme qui expédie un puissant signal, la République qui fait un rebond imprévu ; les citoyens qui affichent leur désillusion, le gouvernement qui restaure sa popularité, les médias qui fabriquent de l’audience, la police qui se révèle aux citoyens… Seuls perdants de cette macabre agitation populaire: les 17 victimes. Les jours et les semaines qui suivront nous diront si oui ou non l'esprit de Charlie survivra au-delà de ce 11 janvier à tous points de vue historique. Si chaque sympathisant se transformait en lecteur, Charlie Hebdo dépasserait de loin le tirage de tous les quotidiens français. Impensable pour une brocarde continuelle de la vie politique qui , autrefois, avait fait descendre dans la rue les mêmes citoyens et incendier le siège du journal.
11 janvier : la parenthèse enchantée fut "un moment de partage, pas un moment de tristesse, c'était beau d'être tous ensemble aujourd'hui".
14 janvier : les étonnantes dispositions sécuritaires d'une gauche qui chasse sur d’autres terres, pleuvent sur le peuple qui en redemande !