Nous vaincrons parce-que nous sommes les plus forts !

Les gens de ma génération, et plus encore ceux de la précédente, se souviennent du slogan diffusé en 1940 par le gouvernement de Paul Reynaud, et sur lequel on ironisa beaucoup après la débâcle : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ! ».
Mais en fait, ce slogan parfaitement réaliste, dont la véracité fut bel et bien prouvée en 1945, était la légende d’une carte géographique mondiale qui représentait en noir les « puissances de l’Axe » (Allemagne nazie, Italie fasciste, Japon impérialiste) et en rouge les démocraties (États-Unis, Canada, Australie, Grande-Bretagne et Commonwealth, France et colonies). Cet ensemble, dont les États-Unis étaient évidemment la pièce maîtresse, représentait une telle puissance économique, industrielle et financière que l’issue finale de la seconde guerre mondiale ne laissait pas le moindre doute (même sans tenir compte de l’URSS qui devait le rejoindre après qu’elle eut été attaquée par Hitler, bien que Staline eut signé avec lui un pacte de non-agression).
Entretemps, hélas, on allait compter les morts par millions. Mais la victoire n’en devait pas moins revenir à ceux qui étaient effectivement « les plus forts ».
Je repensais à cela en lisant dans le dernier « Paris-Match » la nouvelle interview du juge Marc Trévidic, qui nous décrit l’avenir apocalyptique que nous prépare Daesh. Or, si l’on établissait une nouvelle carte géographique analogue à celle de 1940, le contraste entre « les forces du Mal » et les « forces du Bien » présenterait un tel déséquilibre en faveur du « Bien » que le seul fait de vouloir dessiner cette carte serait jugé ridicule.
Oui, sans le moindre doute, nous vaincrons Daesh parce que nous sommes les plus forts, même en tenant compte de l’envoi de terroristes kamikazes au cœur des démocraties (une idée qu’Hitler, heureusement, n’avait pas eue). Mais nous pourrons cependant compter des milliers de morts dans nos villes, tant que nous hésiterons à envoyer nos soldats éradiquer Daesh sur son propre territoire.
Oui, la force est avec nous, mais encore faut-il s’en servir !

Merci au site Nice Provence Info