Un complexe cinématographique de 3 salles, pour une station balnéaire de 6000 habitants ! Est-ce vraiment économiquement raisonnable ?
Ne devrait-on pas penser plus modeste pour garantir une gestion saine sur le long terme ?
Au-delà de l’aspect financier de la construction de bâtiments – bruts de décoffrage - et de l’emprise définitive sur un terrain idéalement situé à l’entrée de notre village, il nous est promis des subventions à hauteur de 70% : La pirouette hollandesque est connue ! Ce n’est pas nous, vous, moi qui payons mais l’Etat au travers des subventions ! … Mais l’Etat ? Vous, nous, moi !
Il se pose une question majeure de fond, adroitement passée sous silence et restée sans réponse : Comment sera assurée l’exploitation du complexe ? Notre maire s’appuie sur une vieille étude de faisabilité impossible à consulter officiellement, ( essayez pour juger par vous-même…), qui laisse apparaître une rentabilité de 1.5% au terme de 4 années d’exploitation , sous réserves :
1 ) Que les lavandourains et borméens cinéphiles fréquentent massivement ce complexe à presque 80% ( 20% restant pour Hyères et La garde ).
2) Que les Londais ( où un cinéma est aussi prévu ) délaissent pour moitié les cinémas multiplex de Hyères et La Garde au profit du Lavandou.
3) Que les habitants de La Mole et Cavalaire (où un cinéma existe) en fassent leur cinéma de prédilection auxquels s’ajouteraient quelques % de fréquentation, glanés par ci par là, dans les communes encore plus lointaines !...
N’oublions pas la part des estivants, (2 mois sur 12) qui, après avoir fait des centaines de kilomètres pour passer quelques jours de vacances dans notre beau village ensoleillé, choisiront de s’enfermer dans un cinéma ! Pour mémoire, rappelons qu’il y a encore fort peu de temps, nous disposions au Lavandou et La Favière de 2 salles - dont une en plein air - leurs fréquentations respectives étaient si faibles qu’elles ont mis la clé sous la porte. Seul le cinéma de plein air du Grand Jardin a su conserver une exploitation saisonnière à peine rentable. L’originalité d’une programmation en extérieur, malgré l’inconfort des assises et les moustiques, et la ténacité des exploitants ont fait la différence pour sa sauvegarde…
Cette étude de rentabilité, vieille de 8 ans (2011 ! … Netflix et consorts étant passés par là entre temps, mettant en difficulté l’industrie cinématographique en changeant les attentes et habitudes des consommateurs…) a fait fuir l’exploitant déclaré du premier projet. Cette étude était déjà manifestement volontairement très orientée et trop optimiste pour être crédible. La rentabilité extrêmement faible, face aux investissements, en découragera plus d’un !... Car – est-il besoin de le rappeler - l’investissement à la charge de l’exploitant pour une installation standard est supérieur à 2 millions €. Les coûts d’aménagement intégral des salles, les accès, les cabines de projection, les écrans, les fauteuils, la sécurité, la climatisation, la sonorisation, etc… Doivent laisser espérer une rentabilité plus saine. Quel entrepreneur pour assumer de tels risques ? …Nous ne parlons pas ici des budgets de salles Imax, 4D, qui fleurissent sur Hyères et La Garde, autrement plus attractifs pour une sortie familiale et que notre complexe devra concurrencer pour maintenir ses spectateurs en local …
Mais non, ces 3 salles de cinéma ne choquent personne au conseil municipal. Que ce soit dans la majorité ou parmi certains de l’opposition. La moyenne varoise est d’une salle pour 13000 habitants (source : Observatoire des Territoires). Au Lavandou, nous en aurons une (pour combien de temps ?) pour 2000 habitants (une pour 5000 en incluant raisonnablement Bormes). Le maire engage la commune pour la construction bétonnée d’une coquille vide, avec un empressement suspect, à l’approche de l’échéance municipale. Il ne prend pas la peine et surtout le temps d’engager en amont un appel à candidature pour le futur délégataire de service public, afin de prendre le pouls de la situation et juger de leur intérêt pour ce projet pharaonique. Il devra donc tout faire et tout accepter, même n’importe quoi, s’il est réélu, pour éviter que cette structure reste définitivement vide et inutile, une fois achevée … « Les lavandourains veulent du choix ! » telles sont les paroles autoritaires d’une élue (adjointe) pour justifier cette folie des grandeurs ! Bien entendu non électoraliste ! A-t-on vraiment demandé l’avis des lavandourains ? Un tel investissement hasardeux de cette ampleur ne mériterait-il pas un petit référendum local ?
Notre maire autocrate a décidé que c’était comme ça et pas autrement. Point barre !...
C’est vrai qu’après 25 ans au pouvoir, l’opposition bâillonnée, il finit par être aveuglé par toutes ses certitudes jusqu’à ne plus voir l’intérêt d’interroger ses administrés, et reste sourd aux appels à la sagesse.
Pourquoi ne pas limiter le projet à la construction d’une seule belle salle, polyvalente, mieux située au centre-ville, afin que les commerçants puissent en tirer aussi bénéfice ? Un contexte moins risqué, qui aura l’avantage d’être plus rentable à moindre investissement et qui ne grèvera pas le budget de la commune sur plusieurs années ?
L’ouverture est prévue pour l’été 2021. Aucun exploitant n’est recherché à l’heure où j’écris ces lignes ! A charge de la prochaine municipalité de rectifier le tir (en espérant qu’elle change !) en consultant les lavandourains sur la finalisation du projet, afin de le faire évoluer vers une solution plus simple, moins électoraliste, moins démagogique d’un seul cinéma, certes plus modeste mais adapté à la taille de notre bassin de vie, complété par d’autres infrastructures publiques tant attendues, moins pompeuses, plus utiles, diversifiées et surtout pérennes.
Le projet de Monsieur Bernardi n’est pas raisonnable. Il ne sera pas économiquement viable et nous, vous, moi, en paieront les fâcheuses conséquences …