Il est surprenant qu’un maire s’attaque seul à la nature qui, de toute façon, aura le dernier mot sur sa prétention humaine. Il est tout aussi étonnant que la certitude d’un combat perdu d’avance effleure l’esprit de l’homme à lutter - au Lavandou ou ailleurs - contre la remontée de la mer, conséquence d'un changement climatique annoncé sur le Bassin méditerranéen.
Avec des propositions dérisoires, téméraires, utopiques ou provocantes… notre Don Quichotte se bat à la fois contre le courant Ligure qui emporte SON sable et la montée des eaux qui grignote inéluctablement SA commune.
Pourtant, avec lucidité, il reconnait l’échec de ses actions, conscient qu’un budget communal n’est qu’un grain de sable contre un trait de côte changeant au gré d’un mouvement millénaire.
Désavouant le renoncement de l’Etat, l’inefficacité des syndicats (dont le SCLV qu'il préside depuis 30 ans), l’inanité des écologistes, l’inaction des collectivités départementales aux priorités différentes. Tirant immodestement la couverture à lui : « Il fallait bien essayer quelque chose » il se présente comme le protecteur des précaires bailleurs de la caisse communale.
Or, les conclusions scientifiques sont sans appel : il faut reculer de la côte, relever les ports, ériger des remparts toujours plus hauts. Chaque commune du littoral s’y prépare sans conviction, effrayée par le coût, l’audace de l’entreprise et surtout l’après ?
Inondations, mégafeux, tremblements de terre, tsunamis, tornades… rappellent à l’homme son ignorance, sa prétention à ordonner la nature. Sa courte mémoire d'éphémère n’aura jamais le temps long planétaire.
Alors faut-il bloquer les vents dominants, détourner le Ligure, exproprier le littoral, cesser de construire en zone inondable et repenser la place de l’homme au... Lavandou ? Personne ne le sait.
Sauf que notre prophète croit tout savoir. Préparant sa 6ème réélection, il augure des temps meilleurs aux établissements de Cavalière (recharge de 3.000m3 de sable pour 200.000€) déjà bénéficiaires depuis février 2013 d’une digue sous-marine peu efficace. Et aussi de construire en centre-ville une digue sous-marine devant la grande plage (6 mois de travaux pour un budget estimé : 1,346 M€)* pourtant plantée de piquets** sur le Front de mer, destinés à briser les vagues et retenir le sable. Mais ce projet, jouxtant le Parc National de Port-Cros, traine en longueur depuis 2011 sur une plage malmenée depuis 1995 par compétitions de quads ; désensablement nauséabond du port, arrachage des posidonies et concerts en plein-air...
* Etude DREAL PACA (Direction Régionale, de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement)
** "ça… ça marche" affirme le maire dans la presse du 29-01-2025
Le “miracle” de Cavalière : entre illusion et propagande
Cercle d'études Reyer
Héloïse AGOSTINI