Explication de vote du groupe Lavandou Cap 2020 que le maire sortant nous a empêché de présenter, en infraction de l’article L 21-21-13 du code général des collectivités territoriales, lors du dernier conseil municipal du 25-02-2020
Nous voterons contre cette délibération car, même si nous sommes favorables à la réalisation d’un cinéma au Lavandou, votre projet bâclé, fait à la hâte, ne tient pas la route.
D’abord, parce que vous le faites financer intégralement par les contribuables. Vous vous camouflez derrière subventions, vente d’actifs etc. mais la dure réalité, qu’il soit communal, départemental, régional ou national, est que le contribuable est celui qui paye toujours. Et que c’est la commune qui prend le risque pour 4 à 5 millions d’euros.
Vous avez certes corrigé mes chiffres sur la fréquentation du cinéma de Hyères mais si ce cinéma de Hyères, en place depuis des années et rénové, fait 181 000 entrées par an, le challenge de faire plus de la moitié de ces entrées pour un nouveau concurrent dans une zone de population plus étroite est impossible à tenir. Et cela d’autant plus que Hyères a 6 salles. En prenant la fréquentation moyenne de ces salles vous ne pouvez pas dépasser 65 000 entrées par an au Lavandou, loin des 90 ou 100 000 entrées que vous promettez.
Votre projet ne sera jamais rentable :
- D’ores et déjà, il est construit pour un investissement de 4 à 5 millions d'euros sur une rentabilité que vous osez à peine évoquer tant elle défie toutes les bonnes pratiques de gestion : 10.000 € en N+1, jamais plus de 20.000€ par an en 10 ans.
- Le cinéma est une activité commerciale. Figurez-vous, cela vous paraîtra incroyable, que j’ai en la matière une expérience supérieure à la vôtre. J’ai été, pendant 15 ans, vice-président du Théâtre André Malraux et des cinémas ARIEL à Rueil-Malmaison. Le chiffre d’affaires annuel était réalisé pour une large partie par 6 à 7 blockbusters, les grands films à succès. Il faut donc laisser la plus grande liberté et la plus large mobilité possibles à l’opérateur. C’était la base du 1er projet de cinéma, adopté à l’unanimité par le conseil municipal, qui ne coûtait pas un centime à la commune et que vous avez fini par torpiller dans des conditions obscures. Le nouveau projet, relancé à la hâte, choisit d’encadrer avec une usine à gaz administrative, pour ne pas dire socialo-communiste, une activité commerciale et de la brider, ce qui se termine toujours très mal lorsque l’on cherche un mauvais compromis entre le business et l’économie administrée.
- Quant à l’opérateur que vous proposez, ce n’est évidemment pas et malheureusement pas UGC ou Pathé Gaumont mais une société exploitant essentiellement des cinémas en Normandie et dont la surface financière est évidemment limitée. J’en veux pour preuve son dernier bilan connu en 2019, avec un peu plus de 40.000 € de résultats en diminution de 71% par rapport à l’année précédente
- Et, faute de rentabilité financière, tout ce qui est prévu en matière d’activités vers les scolaires, les jeunes, les associations, les seniors ne tiendra pas la route.
L’absurdité, en tout cas dans votre projet initial, va jusqu’à confier à l’opérateur la gestion du cinéma de plein air et donc à mettre les 2 sites en concurrence, affaiblissant forcément l’un des 2 équipements... voire les 2.
Il y a donc tout lieu de craindre une évolution à la tropézienne : le cinéma de Saint-Tropez n’est pas rentable mais la commune ne veut pas le fermer. Elle octroie donc une subvention de + de 500.000 € pour continuer l’exploitation.
Voilà, nous sommes bel et bien dans la réalisation nécessaire d’un cinéma mais vous la transformez en aventure financière.
Thierry Saussez