Le brutal retrait des occidentaux d’Afghanistan a réveillé la douloureuse retraite d’Algérie de la France 1952. Piètre tentative de colonisation commencée en 1830 par le duc d'Orléans pour des raisons économiques (recherche de débouchés et de matières premières), religieuses (convertir de nouveaux chrétiens), démographiques et surtout politiques (concurrence entre les nations). Une affaire d’ego dissimulée de l’histoire de France.
La République dès les accords d’Evian sonne le «sauve qui peut » d’Algérie déguisé en autodétermination et futurs échanges économiques.
Le bilan de cette croisade est très lourd pour l’armée, les populations et les finances publiques. Plus de 250 000 Algériens sont tués dans cet affrontement (dont + de 140.000 combattants, membres du FLN) et jusqu'à 2.000.000 envoyés dans des camps de regroupements (sur une population de 10.000.000 de personnes). Près de 25.600 militaires français sont morts et 65.000 blessés. Les victimes civiles d'origine européenne dépassent les 10.000.
Entre 1952 et 1962, 1.343.000 appelés ou rappelés et 407.000 militaires d'active (soit 1.750.000 soldats) ont été envoyés en Algérie. Près de 180.000 musulmans algériens (réguliers et supplétifs) ont également combattu du côté français pendant la guerre d'Algérie.
Ce déni politique a été méticuleusement gommée de notre mémoire collective, malgré l’évidence d’un exode massif de Pieds-noirs (français d’Algérie) vers la France juste avant la proclamation de l'indépendance. Exode. Entre 1962 et 1965, environ d'un million de personnes qualifié après coup d'épuration ethnique par certains historiens.
Dans ce flux 42.000 harkis « chanceux » embarquent mais ne sont pas considérés comme prioritaires ou utiles à la France. Le « fameux » télégramme du 12 mai 1962 du ministre d’Etat aux autorités militaires, Louis Joxe, stipule que les « supplétifs débarqués [sur le territoire français] en dehors du plan général de rapatriement seront renvoyés en Algérie ».
Les moins « chanceux », de 60 à 70.000 supplétifs collaborateurs de l’armée française, abandonnés à leur sort par De Gaulle, seront massacrés sur place par le FLN. Ironie de l’histoire, la plainte pour "crimes contre l'humanité" déposée par les harkis contre la France en août 2001, faisant état de 150.000 victimes, sera classée sans suite.
C’est que l’accueil des Français face à cette immigration est très froid (un quart des biens débarqués est volé ou endommagé sur les ports) et, en 4 ans, la croissance démographique de Marseille et de Perpignan explose de +50%, Toulon +60 % et celle de Nice +70 % créant des tensions racistes... Pendant 60 ans les harkis vivent dans la précarité sans droit, ni aide, ni intégration, la France se satisfaisant simplement d’avoir sauvé leur vie.
C’est seulement en 2016 que François Hollande reconnait solennellement les "responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France".
C’est en septembre 2021 qu’enfin Emmanuel Macron, au nom de la République, répare cette injustice, demande pardon et promet une loi de réparation, non sans critique d’une France nourrie par la peur de l’Islam.
Institué par décret en 2003 ce 25 septembre est la "journée nationale d'hommage aux Harkis et autres membres des formations supplétives" en reconnaissance des sacrifices consentis du fait de leur engagement au service de la France lors de la guerre d'Algérie.
Il était temps ! Cependant beaucoup de communes varoises sont absentes de cette commémoration. Celles qui continuent à penser Algérie française, dans le regret des colonies d’autrefois où la torture, le pillage et l’esclavage remplaçaient les lois de la République.