Au début c’est une victoire de l’égo sur l’autre, sans partage ni compromis. Puis, la soumission du vainqueur aux « voix des citoyens » le transforme subtilement en autocrate ou en philosophe.
Autocrate, il voit la trahison partout, pratique le contrôle intégral, manipule l’opinion et où la moindre contestation devient un obstacle qu’il lui faut briser pour asseoir sa supériorité. Le goût du pouvoir empoisonne sa vie de petits actes mesquins pour de grandes ambitions.
Philosophe, il prend les décisions avec sagesse, écoute les minorités et affectionne l’équité. Peu par goût mais par peur du bruit médiatique. Il veut laisser une trace de son passage, un buste vénéré, une plaque de rue reconnaissante.
Le citoyen aime l’autorité qui s’applique aux autres, mais déteste celle qui s’invite chez lui. Ainsi, fort de ces turpitudes, l’édile est rattrapé par la réalité du super syndic qui a beaucoup promis pour avoir l’écharpe tricolore mais dont la fonction est limitée par l’ingratitude des administrés.
C’est pourquoi la fonction reste réservée à l’homme vaniteux, plein de sa puissance et de son orgueil qui n’accepte pas de se regarder dans le miroir révélateur de sa réalité. Enfermé dans une aveugle suffisance, il se nourrit de l’étroitesse d’esprit de ses colistiers. Il se suffit à lui-même et n’a besoin de spectateurs que pour applaudir son génie superficiel.
Faites le tour des communes varoises et comptez les élus qui timbrent eux-mêmes leur courrier, partagent le pouvoir, pratiquent l’équité des subventions, protègent l’environnement, sortent l'épouse à leurs frais, mettent en oeuvre leurs promesses électorales.
Après le tapage des urnes, l’habitude ordinaire reprend vite sa place : celle de la force, du troc, du tribunal administratif, des règlements de compte, des décisions partisanes agrémentées souvent du piège de la corruption.
La musique se fait alors moins douce aux oreilles des contribuables avec cette éternelle question : « Qui t’a fait roi ? qui t’a fait prince ? »
La France doit vite réformer le fonctionnement des « petites républiques » s’il n’est pas déjà trop tard…
Cercle d'études Reyer
Héloïse AGOSTINI