Lorsque vous croisez un maire, en quelques secondes vous pouvez le classer dans la catégorie de celui qui conjugue sa fonction avec le verbe AVOIR ou celui qui la pratique avec le verbe ETRE.
Le 100 ème Congrès des maires (2017) nous en fait confidence par les travaux d’Alexandre Dorna sur la psychologie politique :
« Côté rue, le maire est le chef de village, le bon père de famille soucieux de ses enfants. Ce modèle tutélaire est très simple pour représenter les relations d’autorité. Il parle donc à tout le monde. Contrairement aux autres hommes politiques, on peut croiser le maire dans la rue. Il incarne la proximité… »
« Côté jardin, c’est un chef de clan. Son ascension ne doit rien au hasard. Ce sont les appareils qui déterminent qui sera candidat et donc qui deviendra maire ou pas… Il y a tout un clientélisme… L’idée de la pluralité démocratique de l’action de la commune n’est qu’une façade. Dans les conseils municipaux, la minorité n’a pas de moyens pour agir. La majorité n’en a pas l’intention. Elle suit la tendance du maire comme chambre d’enregistrement de décisions prises par le maire »
La commune est considérée par beaucoup comme le dernier bastion de la monarchie dont l’autorité peut vite virer à l’autoritarisme. Derrière le premier magistrat et son bras armé le directeur général des services, il n’y a pas le citoyen, mais une relation de soumission. La Révolution française a repris dans les communes les mêmes apparats qu’elle contestait de la royauté.
Si des maires lâchent la fonction par épuisement ou ingratitude, d’autres enchainent et cumulent les mandats par exaltation. Leur égo brille dans la théâtralisation du pouvoir pourtant réduit au rôle de super syndic de copropriétaires. D’ailleurs au nombre de dossiers traités par la Justice, le maire utiliserait surtout sa position pour faire fructifier ses affaires.
Toutefois, faire passer à la trappe les conseillers départementaux, régionaux et intercommunaux semble plus impérieux pour la République que de supprimer les maires. Bien que l’Etat caresse l’idée de s’attaquer au « millefeuille administratif » en regroupant de force les petites communes, faute de volontaires et surtout de finances. En vérité, les citoyens devraient mieux contrôler leurs mandarins en s’intéressant à leur patrimoine, aux notes de frais, aux abonnés des marchés publics, aux conflits d’intérêt, aux associations sous perfusion, au recrutement familial, aux travaux de complaisance… Quant au bon sens de l’alternance démocratique – inexistante depuis 5 mandats au Lavandou - combien veulent quitter le statut de « commune bananière » (à partir de 3 mandats identiques successifs). Pourtant, c’est bien une volonté affichée de l’Etat dans les communes supérieures à 3.500 habitants annoncée pour … 2038, au Congrès des maires de 2017.
Si une nouvelle génération d'élus a été sacrifiée par les urnes... le courant Ligure passe toujours par le Lavandou !
Patrick Richard