L’Hubris, le plus grand des maux selon les grecs, est de plus en plus présent dans notre société matérialiste et individualiste. Il règne sur notre quotidien, dénature nos rapports sociaux. L’exemple affligeant de nos politiques, leurs excès et mauvais comportements, jamais sanctionnés, sont autant d’outrages à tous les citoyens.
Les estrades où l’homme se gonfle d’orgueil ne sont pas connues des sages, car ils sont au pied des murs pour aider les autres. Le meilleur de l’homme est lorsque son regard se tourne vers les étoiles et la beauté de la nature. C’est dans ces instants qu’il prend conscience de n’être qu’un point lumineux dans l’univers.
Un petit village varois est sujet au « syndrome d'hubris » d’un seul, qui brille depuis 30 ans par son arrogance, prétention, égotisme, voire de manipulation, mensonge et mépris. Son sentiment narcissique d'invulnérabilité et de toute-puissance ne lui permet même plus d’apercevoir la justice divine marcher vers lui.
C’est que l’homme qui se soumet à son hubris défie la grandeur des dieux et de la nature. C’est le même qui se prend pour Jupiter ou Icare aveuglé par son orgueil. Frappé d’introversion, il ne peut échapper à la paranoïa de vouloir tout régler par lui-même, tout régenter par lui-même.
Dans la vie, l’homme le plus intelligent, le plus instruit, n’est qu’un brin d’herbe dans le vent de l’univers. S’il a la faiblesse de se croire au-dessus des autres, il tombe dans l’autoritarisme et l’intégrisme.
Les remèdes à l’hubris sont la tolérance sans faiblesse, la tempérance dans les mots. Or, les manifestations de l’hubris dans notre société sont les mêmes que celles de l’Antiquité : arrogance, insolence, outrage, insulte, mais aussi assistanat persistant qui fait perdre à l’homme sa dignité.
Dans cette commune ordinaire il n’y a pas ceux qui reçoivent et ceux qui donnent, car c’est dans l’échange et le respect d’autrui que se construit l’harmonie collective. Si l’hubris gouverne, c’est faire offense aux plus fragiles.
La démesure empêche l’hubris de prendre de justes mesures avec mesure. Il faut mettre fin dans notre société à ce couple infernal « hubris-némésis » (dieu de l’orgueil et déesse de la vengeance), démesure et vengeance, orgueil et revanche.
Les grecs considéraient l’hubris comme un outrage aux lois de la cité, à la sociabilité (ce que nous appelons le vivre ensemble). Un outrage qui se manifeste par l’irrespect de la démocratie et la prolifération des incivilités collectives.
Pour Aristote, la pratique de l’outrage (qu’il assimile à l’hubris) vis-à-vis de quelqu’un, va provoquer chez celui-ci, de la honte et sera ressentie comme une humiliation. L’outrage consiste en des actes ou des paroles qui suscitent le déshonneur de la victime, sans autre but que le plaisir d’affirmer sa supériorité par mauvais traitements.
C’est ainsi que l’arrogant, l’élu, le fortuné, perd pied parfois avec la réalité et se croit supérieur par l’outrage. Si les grecs anciens associaient l’hubris à la vengeance, notre société y associe en plus l’individualisme exacerbé par le plaisir de la célébrité, la propension à l’humiliation des plus faibles.
« Le ciel punit toujours ceux qui dépassent la mesure »
(Hérodote 480-425 av. J.-C)
Cercle d'études Reyer
Marie-Noëlle NOBLE
(Remerciements à Jean-François)