L'art du strapontin réservé aux opposants fait le rejet de l’élu dépassé dans sa conception de la cité. Sur le papier, la modernité démocratique est la représentativité proportionnelle. Dans la réalité la majorité gouvernante, de l’Assemblée Nationale à la mairie, offre à l'opposition un petit placard à balai bien isolé afin de ne point ouïr ce qu’elle ne veut pas entendre. Or, cette vision du "vivre ensemble" n’est plus du tout celle attendue par les administrés de France ou du Lavandou. Résultats: des clivages au lieu de l’harmonie et le désaveu de leurs auteurs par les citoyens agacés. De quelle autorité supérieure l’élu détient-il sa science infuse ? Celle des urnes n’est qu’un artifice obtenu à coup de clientélisme qui ressemble à un règlement de compte clanique. Nicolas Sarkozy l’avait bien compris, ouvrant son gouvernement à ses opposants d’hier tout en restant le patron. Mais la France, longtemps dominée par les romains, adore les jeux de l’arène pour voir mourir les valeureux gladiateurs opposés à César. Après, elle peut râler sur la trop grande autocratie d’une mafia légale qui fait régner la pensée unique et l’égare dans des argumentations contraires à ses fondamentaux. Ainsi, la démocratie ne peut survivre au paradoxe de l'électeur qui secrètement rêve de changement et publiquement le combat. Avec ou sans isoloir, le poids des habitudes, la peur de ne plus maitriser le jeu, font que l’on vote finalement contre l’intérêt collectif pour protéger son intérêt privé. Rajoutez à ce comportement pavlovien un manque patent d’éducation patriotique et vous obtenez une société sclérosée. A la moindre alerte, elle se noie et défile sous les fenêtres de l’élu pour le démettre. Ce dialogue de sourds perdure depuis trop longtemps entre ceux qui parlent le pathos du pouvoir et ceux qui n’entendent plus rien. Tels ces doctrinaires discours du Nouvel An récompensés par le buffet gratuit, seule motivation de l'auditoire. Le scrutin tente de corriger cette fausse démocratie que font régner la plupart les maires en embuscade de désobéissance civile sur les lois de la République (mariage pour tous, rythme scolaire, baisse des dotations, non cumul des mandats…). Tout cela, pour flatter leur inculte électorat et conserver leur mandat. A Paris, le congrès des maires est la parfaite incarnation des modestes opposants bâillonnés sur leur strapontin municipal, dont les mandats sont inutiles à la collectivité. Dans les assemblées, le mépris des oppositions est le véritable camouflet à la respiration démocratique. Menée par le maitre des lieux, elle sert de raillerie à la majorité ricanante. Autrefois, une fois l’an, le carnaval parodiait le maître et ses excès... Au Lavandou et ailleurs c’est carnaval tous les jours !