Il était une fois... la prestigieuse "Giraglia", quand le Lavandou avait encore un petit parfum de Chanel et où les riches s'accrochaient à la nostalgie des belles courtisanes et du casino des années folles. Ce jour là, en 1997, le nouveau maire s'était mis en quatre dans l'organisation. Apéro officiel à la mairie, tee-shirt bon marché aux équipages, fanfares et fanions dans les rues, paella trop cuite au... Cosec, sous les regards réjouis du conseil municipal servant la pâtée dans des assiettes en carton, dans une ambiance digne de Fellini dans la "Dolce Vita". L'année suivante, la décision du très illustre Yachting Club Italiano fût sans appel: direction Saint-Tropez, désormais commune de référence, dont les majestueux voiliers en acajou narguent, chaque mois de juin, le Lavandou depuis le large. Dans le même temps, les deux sœurs Bormes et le Lavandou continuaient leurs interminables disputes à tout propos. A Bormes, l'histoire, la bonne cuisine, les artistes en vogue, le président à Sainte Trophyme; au Lavandou, les sacs à dos, les mangeurs de sandwiches, les bruyantes colonies de vacances, les flonflons de Kronberg... Heureusement, en 2008, le nouveau président, briseur de codes et de tabous, rééquilibra la donne en s'emparant d'une partie du Cap Nègre qu'il transforma en petit fort de Brégançon. Le maire reprit des couleurs, enfin "ensemble tout devient possible". Avec l'affaire des égouts, il tenait son pont d'Arcole à coup d'arrêtés, de langoustes, de régate et d'exposition familiale pour entrer dans le club très fermé de la "Rolex Cup". Mais le monde irréel lui fit barrage, il n'avait qu'une carte de membre trop répandue parmi les groupies. Il lui fallait toujours sonner à la porte surveillée par un passepartout qui ne parle pas le patois. Alors, par dépit, il se mit à refaire l'histoire à sa façon, lorsque les premiers "pescadous" arrivèrent à la rame du côté d'Alconis, trompés par le malingre Levant...qui leur avaient fait dépassé la baie de Saint-Tropez. Déjà en 1913... son village avait pressenti la mystification en mandant son détachement d'avec Bormes. Il lui suffisait d'aider l'histoire. Ce fût fait le 16 juin 2010 lors d'une "sombre" prise de position du conseil municipal remettant le "Cap à l'Est". La revanche du "bobo" est désormais en marche sur Saint-Tropez la "bling bling". Cette même volonté de forcer le destin, l' inculture, la démesure du désir, la méconnaissance de la nature des choses, inspirait déjà Balzac qui savait repérer chez les épiciers des Napoléon, maires de leur village. De fortes têtes qui formaient une trilogie: électeur, garde national et juré. Ils contractaient alors, dit-on, une légère teinte de férocité, cultivaient le commandement, l’assignation, la mise en demeure, et perdaient de leur agrément... Rien de changé ? Alors bienvenue dans le monde du réel !