Que peut-on souhaiter au Lavandou en 2014 ? Bah ! "un maire pour tous" changerait du parti-pris actuel où la moitié des habitants sont ignorés en tant que minorités et majorités invisibles. Qu’est-ce qu’une minorité ? Selon Ester Benbassa, un groupe numériquement faible que sa religion, son origine ethnique, la couleur de sa peau ou son orientation sexuelle distingue de la population majoritaire anesthésiée par le pouvoir. Ces populations s’exposent à des discriminations d’ampleur et de nature variables. En France, le mot renvoie plus spécifiquement à tous ceux que l’on continue de percevoir comme étant "issus de l’immigration", quand bien même ils seraient français depuis plusieurs générations. "Visibles" lorsqu’elles dérangent, ces minorités deviennent curieusement "invisibles" dès qu’il s’agit de représentation politique. En intégrant les "minoritaires" au jeu politique, les partis trouveraient à la fois le moyen d’emporter l’adhésion active de populations traditionnellement négligées et l’occasion de conformer leur pratique à leurs idéaux affichés pour dégripper enfin l’ascenseur social. S’en tenant au constat que ces populations ne votent pas, ou si peu, beaucoup de maires se montrent finalement peu soucieux de les inciter à le faire, alors que le vote est la première expression d’une citoyenneté responsable.
Au Lavandou, pour le maire actuel, l’immigration est surtout composée de riches résidents européens, non électeurs, et d’autochtones issus de la génération des rameurs venus, vers l’an 1500, besogner pour l’aristocratie féodale. Ceux-là font partie de la minorité visible que l’on exhibe fièrement à l’occasion du centenaire. Des enfants du pays qui méritent une attention toute particulière avec conseil des sages, plaques de rues, affiches et place au cimetière. Mais elle pourrait s’étendre aux spoliés de la Saur, inondés de la Salamandre, surtaxés des plages, lésés du nouveau port, étranglés de la fiscalité, baisés du Fisac...pour partie ce sont les mêmes. Progressivement, la désharmonie s’est installée en 18 ans d’inaction où l’on se gratte le nombril, par Var matin interposé, à chaque avancée à retardement. Cette stratégie des petits pas manque d’audace, surtout quand le maitre d’œuvre se nomme fièrement Regain. Privés de libre parole, les élus se lâchent en privé. Le messie fatigue ses apôtres qui aimeraient bien la révolution…par l’extérieur ! Pour la provoquer, quelques dossiers sensibles circulent moyennant certaines garanties (anonymat et récompense). Mais qu’y a-t-il dans les cartons d’un élu qui n’a rien fait ?... que des projets, du blabla et beaucoup d’argent gaspillé. Un élu qui a passé plus de temps en intrigues, pugilats et barbouillages qu’à la concorde - surtout ces dernières années - ne peut plus intéresser grand monde. Son "prêt à penser" a fait la fortune de quelques amis qui ont tiré parti de le courtiser. Mais reconnaissons lui ce qu’un bon GO sait faire dans un village de vacances en plein air : la fête ! ccas au champagne, concerts gratuits, réveillon en été, feux d’artifice à répétition, Baletti, jeté de sable à la mer, premier rôle au romérage…après Saint Tropez, le Lavandou en impose en lampions et paillettes ! Qu’importe l’environnement, la fiscalité, la surpopulation… pourvu qu’on ait l’ivresse du moment présent. Le brillant Epic, dont le dernier bilan est bien moins brillant, servira la pub de l’élu. De tout ce constat, la commune manque cruellement d'une stratégie ambitieuse et attend le "maire pour tous" qui fera vibrer la belle endormie.