Comment prendre une stature internationale lorsque les sondages commencent à chuter ? Ordonner une petite guerre dont les fondements sur la liberté sont aussi flous que les stocks d’armes chimiques qui ont permis à Bush d’aller en Irak. Les liesses populaires des villes "libérées" à l’égard du président français expriment surtout le désir d’un retour à la colonisation. C’est le piège qu’il nous faut éviter avant qu’il ne soit trop tard. Car, pourquoi partir maintenant d’un pays hypocoristique qui veut nous voir rester avec notre cortège d’humanitaires, de fonds de coopération, d’assistance militaire et médical…or la flatteuse hypocrisie internationale nous impose maintenant de coordonner les troupes africaines afin de contenir les "rebelles". Cela sans bourse délié, avec juste quelques technologies américaines et l’aumône d’une poignées de pays européens. Notre chef de guerre ramasse indument les lauriers, en creusant les finances publiques, sur un ressort cher à nos compatriotes : la défense de la veuve et de l’orphelin. Mais, à partir de 1960, qu’à fait le Mali de sa devise "un peuple, un but, une foi" alors que depuis 1883 il recevait la becquée de l’Etat français envahisseur ? Et pourquoi n’explique-t-on pas aux français la vérité sur notre engagement ?
En 2012, un énième coup d’Etat renverse le gouvernement légal et le Mali est coupé en deux. Au Nord le MNLA (Mouvement national pour la libération de l'Azawad), tenu par les Touaregs rejoints par le mouvement des salafistes Ançar Dine, proclame l'indépendance de l'Azawad (intégré de force dans le Soudan français en 1899). Du coup, ils deviennent tous des rebelles pour le sud où le président par intérim Dioncounda Traoré (ex Président de l’Assemblée nationale renversée en 2007, dont le père a été lui-même renversé en 1991) tente d’asseoir une légitimité. Il a l’avantage d’avoir fait ses études en France et d’avoir un puissant réseau fraternel. La suite est un appel au secours international (en vain) alors que le MNLA mieux organisé (et qui s’est emparé de l’arsenal de Kadhafi fourni par la France) descend vers le sud prendre la capitale Bamako par les armes. La France dispose d’un accord d’assistance tacite, dont Sarkozy ne voulait plus. L’habillage médiatique autour des salafistes a fait l’opinion internationale, bernée par de simples conflits tribaux pour le pouvoir depuis l’indépendance. Cela explique l’engagement de la France le 13 janvier 2013. Evidemment c’est moins poétique, mais explique en partie le désintérêt de nos alliés pour le Mali. Seules, nos anciennes colonies sont obligées d’y aller, non pas par fraternité africaine mais par solidarité sub-saharienne avec nous. A une condition : financement, armement et formation restent à la charge du "toubab". Si seulement on pouvait être remboursé en pétrole... !