Où sont les fastes d’antan ? Concorde, Ariane, TGV, Minitel, Bull, construction navale, recherche médicale… toutes ces technologies ont été progressivement grignotées par la concurrence internationale. Pourtant, il reste en France un savoir-faire exemplaire d’ingénieurs, de commerciaux, de gestionnaires, de hauts fonctionnaires…sans parler des écoles prestigieuses et des grands corps d’Etat où les étudiants étrangers font d’importants sacrifices pour s’y former. Les grandes écoles, les musées, les majors nationales…sont plagiées ou s’exportent vers des pays plus ambitieux que nous. Le transfert technologique sauve les apparences, mais en nous vidant de notre substance. D’abord, il nous faut admettre que le monde bouge autour de nous et que nous avons beaucoup de mal à anticiper le mouvement. Nous sommes englués dans une gestion sociale difficile et couteuse, car nous n’avons pas prévu le renouvellement de la génération du baby-boom qui s’est ajoutée à l’arrivée massive de migrants. Nous avons préféré partager le gâteau en parts de plus en plus petites sans chercher une nouvelle croissance. Ensuite, nous comptons trop sur l’Etat providence qui doit tout penser, tout réguler, tout payer. Jusqu’ici à coups de déficits budgétaires la machine étatique faisait illusion mais le naufrage financier de quelques pays européens a tiré le signal d’alarme pour stopper ce train infernal. Lorsque la Chine est rentré dans l’OMC en novembre 2001 nous n’en avons pas cru à sa dimension économique, la reléguant à une nation communiste sous-développée. C’est seulement six ans plus tard, en voyant nos voisins allemands et nos amis américains s’enrichir que nous avons compris bien trop tard notre absurdité, arcboutée sur nos certitudes des droits de l’Homme. En lançant des aides tous azimuts aux exportateurs français nous avons commis notre seconde erreur. Celle de la dispersion de nos forces, laissant chacun vendre ce qu’il pouvait dans le désordre. Idem au Mexique, au Brésil, en Russie. Beaucoup y sont partis avec l’argent public, peu y sont restés, faute de logistique, de trésorerie personnelle, de réseaux, de pratiques économiques locales, en essayant toujours d’appliquer la supériorité du modèle économique français (dépôt de marques, contrats Coface, tribunaux de commerce, Prud’hommes…). A l’étranger, les petits entrepreneurs français ont la réputation 505 (code de la naïveté). Pourtant l’Etat a multiplié ses structures aux côtés des chambres de commerce, des régions avec une profusion de chargés de mission. Sauf qu’ils travaillent avec une mentalité fonctionnaires, attendant le gentil entrepreneur plus attiré par l’aspect exotique que par la prospection. La seule valise diplomatique rentable est la transformation du Chef d’Etat en VRP. Sinon combien d’argent perdu pour les deux parties ? Combien de marchandises égarées dans le labyrinthe de l’administration où il est plus difficile de sortir une bouteille de vin de France que de la faire entrer en Chine ? Encore maintenant, nous n’avons pas compris les nouveaux riches chinois qui, malgré notre tracasserie réglementaire, arrivent par dizaine de milliers à Paris dépenser l’économie d’une vie dans nos magasins de luxe. Combien d’autres étrangers en rêve de cette France, bloquée dans ses frontières mentales de l’immigration ? Heureusement, les jeunes ménages commencent à inscrire leurs enfants dans l’apprentissage non plus du latin mais du mandarin, alors que le français est quand même la 3ème langue officielle en Chine. La paradoxe de notre pays c’est une formidable reconnaissance de sa culture malgré lui. Son plus grand gâchis est qu’il ne croit pas en lui ! Seuls les élus du CAC40 font leur business à l’international sans rien demander. Tous les autres quémandent devant la porte de l’Etat. En réceptif ce n’est guère mieux. Prenons la commune du Lavandou ne survivant que par le flux touristique international. De tous les acteurs économiques locaux, combien parlent une langue étrangère ? connaissent les habitudes alimentaires d’un asiatique ou d’un anglais ? combien appliquent la règlementation européenne ? L’individualisme forcené et l'avidité fiscale ont mis des œillères et la médiocrité partout. Un peu comme dans une mauvaise chorale où chacun pense savoir chanter mieux que l’autre sans apprendre le solfège ! Par contre pour imposer aux autres leur façon de voir le monde, les donneurs de leçon ne manquent pas !