Au moins l’égalité des chances s’applique dans le paysage politique français qui reste le seul secteur en expansion où vous pouvez obtenir un job sans diplôme, ni compétence particulière. Le sésame est de s’inscrire le plus tôt possible dans un parti politique, si possible en devenir, et de grimper les échelons hiérarchiques à coups de conspirations, trahisons, alliances opportunismes…Aucune qualification comptable, psychologique, savoir-vivre, bonne conduite n’est requise. Seules obligations : prêche, prosélytisme, cotisation à jour et implication dans la vie de votre parti. La récompense est au bout du chemin : sénateur, député, maire, conseiller municipal, communautaire, départemental, régional… et si pas de chance ou plus assez de place, un rôle dans un bureau politique ( celui qui désigne les postulants aux élections). Ainsi, d'ex-cantonniers sont conseillers généraux (voire présidents), d'ex-chômeurs sont à la tête d’associations politiciennes engrangeant les subventions, d'ex-syndicalistes sont élus à Bruxelles et nous ne parlerons pas des "inquiétés" ou "inéligibles" par la justice française, meilleure publicité d’une ambition politique. Notre pays est l’un des rares où formation, vérification judiciaire, contrôle du patrimoine, résumé professionnel ne sont pas obligatoires. (seulement 9000 élus contrôlés sur 618.384 depuis un an, suite aux scandales). Certains chanceux vont vivre ainsi en moyenne 25 à 30 ans aux crochets de la République, le temps d’une retraite dorée bien méritée. Cependant, les plus hardis pourront toujours continuer dans des fonctions d’honorariat, devenir avocats d’affaires par requalification, ou parrainer quelques jeunes pousses qui renverront l’ascenseur plus tard. Ce communautarisme coûte très cher aux citoyens abusés (ou plutôt désabusés). Quant aux femmes, avec leur logique cartésienne, elles sont peu présentes dans ce petit théâtre d’ombres. La parité n’aura rien changé au paysage et malheur à celles qui s’aventurent dans les hémicycles où la tolérance n’est que la stricte application à minima d’un texte voté au forceps. C’est que le clientélisme n’est pas leur truc par leur naïveté prise rapidement en défaut par les rusés du pouvoir. Par exemple, devenir maire peut rapporter gros : travail sur mesure, honneurs, avantages, en nature, carnet d’adresses et satisfaction de régenter une petite cour craintive des changements d’humeur de sa majesté. Une femme au pouvoir ne pensera qu’à remplir sa fonction de gestionnaire, un homme à tirer le maximum de son pouvoir. Pendant qu"il" sera classé superman, "elle" sera caricaturée psychorigide. Un commentaire amusant de ce blog dit qu’il faut du "courage pour s’engager". Certes, mais avec indemnités, voiture de fonction, frais de représentation, petits cadeaux, quelques cumuls et avantages matériels, ce courage se transforme vite en châtiment irrésistible. Enlevez ce catalogue, appliquez la réglementation suédoise (aucune indemnité, contrôle des notes de frais et cautionnement personnel des emprunts) et vous verrez moins de candidats. En attendant une réforme en profondeur qui n'arrivera jamais: chômeurs, désœuvrés, disponibles, mégalos, abandonnés de la vie... tentez votre chance aux prochaines échéances. Votre banquier intéressé par votre réussite sociale vous prêtera facilement...