Les plagistes ne sont pas à la fête au Lavandou. Jeudi et vendredi une escouade municipale (une quinzaine de personnes) a démonté « manu militari » l’installation du Punta Cana, un peu trop lent à obtempérer du goût du maire, sous l’œil du petit rapporteur local. Désormais, il faudra aux plagistes un permis de construire (avec pieux et ballasts) et passer les redoutables épreuves de la commission de sécurité pour ouvrir leurs châteaux de sable. Ce n’est que la stricte application des textes préfectoraux en matière de sécurité après les inondations à répétition. Ainsi le cabanon permanent, qui fut un temps démontable, puis érigé en restaurant toute saison va devenir une construction précaire légale. Un casse-tête pour la loi littoral qui est sans cesse dérogée par des histoires de gros sous dont l’Etat, concédant de son espace maritime, est le premier bénéficiaire. Accusés de tous les maux : concurrence déloyale des restaurateurs, tapage nocturne, empiétement abusif de l’espace public et contraintes de toute sorte: lourds investissements, nettoyage, toilettes publiques, obligation d’un brevet de souriste (BNSSA,)… ces forçats du sable rapportent gros à la municipalité qui ne se prive pas de faire monter les enchères à coup de lourdes DSP (délégation de service publique) pas toujours couronnées de succès. Avec son cortège de réglementation, la réduction naturelle des plages, l’absence de rentabilité… combien va-t-il rester de plagistes au Lavandou ? D’autant qu’une récente étude confirme le désintérêt croissant du tourisme horizontal au profit d'un tourisme vert, nouvel eldorado des parcs et sites naturels de France, dont nous ne sommes pas.
Les plagistes s'estiment lésés par les contraintes de l' application du "décret plage" du 2006 qui réduit de 30 à 20% la possibilité d'occuper la plage et généralise l’obligation de démontage, pour la période hivernale, des installations et équipements. Alors que, de fait, ces règles ne sont pas actuellement respectées. A plus long terme, toutes les plages-restaurants du Var sont concernées par l’application de ce décret, lors du renouvellement de leurs concessions. Ce qui "impacte" (mot savant du Lavandou) significativement l’activité économique et l’emploi des exploitations, voir la disparition de nombreux restaurants de plage . Ainsi, à un mois de l'ouverture de la saison, six exploitants de Saint-Aygulf ont été contraints de démonter leurs terrasses et deux kiosques de restauration ont été fermés sur Fréjus. Les plagistes dénoncent un acharnement des services de l'Etat et de leur bras armés : les mairies. A quelques semaines de la réouverture de la station, c’est un nouveau coup dur pour ces professionnels qui devront dépenser en études, affronter les arcanes de l’administration, même si la mairie propose une petite aide à ceux qui tarderaient à remonter leurs installations. C’est surtout dans le sens inverse qu’elle excelle avec l'argent public.
Démontage municipal de la plage Punta Cana