Préambule :
En matière de prévention des inondations cela fait des millénaires que l’homme cherche à maîtriser la nature. L’empirisme des Perses, des Égyptiens, des Romains, des Arabes, des Chinois….etc a permis de faire d’énormes progrès et cependant au 21ième siècle nous subissons encore les effets dévastateurs des inondations. Dans cette affaire, Il nous faut être modeste et humble. C’est en nous appuyant sur les remarques et les suggestions des citoyens de Bormes et du Lavandou, sur les connaissances scientifiques de quelques-uns, sur les expériences des autres, sur le bon sens de tous, et c’est en passant le tout au shaker de l’empirisme logique que nous exprimons ci-après les propositions d’aménagements du Batailler et de la Vieille avec comme seul objectif : réduire les inondations et leurs effets pour préserver au mieux les personnes et leurs biens.
A noter qu’au-delà du réalisme de nombre de nos propositions, notre ambition est aussi d’élargir le champ des solutions à explorer même et surtout lorsqu’elles sont empreintes d’une certaine forme d’utopie en première approche. Les propositions AILB n’ont donc pas de valeur exécutoire en l’état. Elles sont là pour provoquer le débat avec les bureaux d’études impliqués dans l’instruction des dossiers technico-économiques de réalisation des travaux et pour les amener à prendre en compte nos préconisations dans des projets d’envergure qui dépasseront de beaucoup l’impact des mesures conservatoires immédiates qui sont d’un premier niveau d’efficacité non négligeable lorsqu’il s’agit de sauver des vies humaines
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I. Rappel des causes des Inondations
• Il y a bien évidemment les niveaux et les intensités de la pluviométrie de 50litres/m²/heure ( soit 50mm/heure) en moyenne avec des pointes à 100litres/m²/heure dans un espace de temps court de 4 à 5 heures comme nous l’avons connu le 19 janvier 2014, et qui se sont traduits par des débits dans le Batailler qui ont atteint 180m3/s.
• Il y a le fait que l’urbanisation sur les bassins versants du Batailler et de la Vieille a étanché les sols et elle amplifie ainsi les facteurs d’inondations que sont :
– L’accroissement et la concentration des volumes de l’eau dans les réseaux pluviaux, sur les routes et chemins, avant d’atteindre les fleuves côtiers, (Batailler et Vieille….)
– L’accélération des flots sur les pentes par une insuffisance de ralentisseurs dans tous les réseaux y compris sur les pentes débroussaillées
…
Ces trois facteurs : accroissement, concentration, accélération :
Provoquent une saturation rapide (en 1 à 2h) du réseau pluvial qui déborde là où il est sous dimensionné par rapport au débit généré par l’urbanisation située en amont,
Transforment en torrents: les routes, les fossés, les ruisseaux, le Batailler et la Vieille; torrents qui ravinent en embarquant au passage : arbres, canisses, terre .etc., et minent les piles de pont et fondations d’enrochement….etc.,
et lorsque ces flots torrentiels atteignent des débits qui dépassent les capacités d’admission et de canalisation de l’eau sur ou au travers des infrastructures, alors les débordements se produisent et ce d’autant plus vite et fort que les arbres, canisses, ….etc. forment des barrages (ou embâcles ).
Pour localiser d’importantes situations de débordement du Batailler nous avons représenté les différentes sections de passage dans son lit au droit des ponts :
Mais il y a bien d’autres endroits le long de son cours où le Batailler peut déborder. Ce sont les endroits où nous constatons des rétrécissements du lit lui-même, dont en particulier son estuaire avant et après le pont Vincent Auriol sur le Lavandou.
Quant à la Vieille, elle connait les mêmes types de situations qui induisent les mêmes conséquences avec une situation particulièrement critique dans la plaine à l’approche de la mer
II. Des principes de base:
Pour réduire l’énergie torrentielle des flots, il faut faire en sorte que la rugosité (Coef de perte de charge), ou la capacité de ralentissement des sols sur les espaces d’écoulement aillent en croissant au fur et à mesure que la pente augmente.
Pour maîtriser et réduire les débits et hauteur d’eau de débordement des rivières et des fleuves comme le Batailler et la Vieille, il faut :
Que les sections de passage dans leur lit soient croissantes au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’embouchure,
Que les capacités de rétention ou d’expansion soient suffisantes et réparties sur leur cours en fonction de la géographie des lieux et bien en amont de la plaine d’abord.
III. Orientations à déduire de l’analyse des causes et de ces principes
Sur la base d’une pluviométrie centennale caractérisée par un débit de 93m3/s, les inondations seront d’autant moins importantes que l’urbanisation aura été précédée ou accompagnée:
1. De la réalisation d’infrastructures de régulation des flux en amont des fleuves et /ou de leurs principaux affluents, à partir d’un endroit du cours où le volume d’eau à retarder, à ralentir, à étaler dans le temps aura un impact significatif sur le niveau haut du fleuve lui-même pour éviter qu’il n’atteigne son seuil de débordement préjudiciable ici ou là.
2. D’une augmentation des capacités d’admission et de canalisation des plus gros débits d’eau dans la plaine au droit des franchissements de ponts, de gués, des passages souterrains…, dans le cours des fleuves ou affluents de très faible pente, et dans les estuaires.
D’autres orientations au demeurant complémentaires peuvent se traduire dans le PLU. Il s’agit notamment d’imposer des surfaces imperméabilisées d’autant plus faibles que les capacités de régulation sur les collines sont réduites, et que les capacités d’admission et de canalisation des flots dans la plaine sont faibles pour absorber les débits d’une pluviométrie centennale notamment.
IV. Aménagements du Batailler et de la Vieille sur la Commune du Lavandou:
Bases de nos propositions
En application des principes et des orientations précédentes, sur cette commune déjà fortement urbanisée, l’essentiel sera
d’accroître les capacités d’admission et de canalisation des flots à l’approche et dans les estuaires,
en augmentant les sections de certaines parties des réseaux pluviaux primaires et celles des infrastructures (ponts, gués, canaux artificiels, lits des fleuves et surtout celles les deux estuaires….)
a. Entre le pont de Bénat et la mer pour le Batailler,
b. Entre le pont sur la D559 et la mer pour la Vieille
Remarques générales préalables :
Les aménagements de ces deux estuaires sur le Lavandou doivent avoir des conséquences majeures sur l’ampleur des inondations dans la plaine du Lavandou et de Bormes. Au-delà, ils conditionnent aussi l’importance des équipements qu’il faudra réaliser sur Bormes avant d’ouvrir les vannes de l’urbanisation de la plaine et des collines du bassin versant du Batailler et de la Vieille.
Les propositions AILB n’ont pas de valeur exécutoire en l’état. Elles sont là pour susciter le débat avec les responsables institutionnels et leurs bureaux d’études avec la volonté de les voir prendre en compte à terme nos préconisations.
a. Aménagements du Batailler sur le Lavandou
A noter que dans cette zone le lit du Batailler est réduit à 5ml par endroit. Ceci est un facteur d’aggravation du niveau de débordement en amont. Voir la diapo ci-dessous.
Aménagements entre le pont de Bénat et le pont Vincent Auriol,
Les préconisations que nous présentons constituent une réponse globale et cohérente au défi de faire passer l’eau d’une crue centennale dans le lit du fleuve, sans inondation ou presque. N’en réaliser qu’une partie (en particulier ne pas refaire le pont le l’avenue Vincent Auriol en augmentant sa section de passage de l’eau ) rendrait caduc cet objectif et pourrait même localement poser plus de problèmes qu’il n’en résoudrait.
Partant de l’hypothèse que l’élargissement à 14ml du passage et la section à environ 35m² sous le pont de Bénat est acquis, nous préconisons ce qui suit:
• Recalibrer et élargir le lit du Batailler à 14ml jusqu’au confluent en cohérence en continuité du pont Bénat (Photo N°3)
• Redresser son cours à l’approche du confluent avec le canal du grand jardin, de manière à provoquer un effet d’aspiration du flot qui vient du Canal.(Photo N°3)
N°4 : Cours du Batailler reprofilé au droit du confluent jusqu’au pont V. Auriol
• Reprofiler son lit à la sortie du confluent, en l’élargissant à 14+5=19m environ (à préciser en fonction des sections de l’un et l’autre), ( Photo N°4)
• Conserver la section du batailler avec une largeur de 19 à 20ml en arrivant sous le nouveau pont V. Auriol, pour maintenir le flot dans son lit le plus longtemps possible,
• Stabiliser les deux berges du Batailler par des enrochements entre le pont Bénat et le pont V. Auriol,
Protection des résidences à gauche du Batailler et de la ZAC en amont : (Photo N°4)
• Rehausser la berge de gauche entre les 2 ponts en suivant la pente du fleuve à une hauteur appropriée jusqu’à effleurer le haut des tabliers du pont de Bénat et le nouveau pont V. Auriol,
• Adapter la hauteur des 2 berges du canal du grand jardin en cohérence avec celle de la rive gauche du batailler,
• Profiler la berge droite du Batailler à une hauteur inférieure mais parallèle à celle de gauche afin de maintenir la terre de l’Anglade et ce jusqu’à l’approche du tablier du nouveau pont V. Auriol de manière à faciliter l’expansion de l’eau dans l’Anglade derrière le mur de protection à construire parallèlement à l’Ave V. Auriol et au fossé qui longe le grillage de L’Anglade
Protection des résidences de front de mer en face de l’Anglade
• Recalibrer le fossé situé à droite du pont V.Auriol le long de l’Anglade jusqu’à la traversée « de l’ancien club de bridge ».
• Construire le mur de protection entre le fossé et l’avenue V. Auriol dans le prolongement du tablier du nouveau pont jusqu’au Gué du club de bridge,
• Réaliser la rase de ce mur au même niveau que celui de la berge gauche du Batailler voir § 1.1 , f
L’une des configurations possibles du nouvel estuaire majeur du Batailler
Réfection du pont V. Auriol et de l’estuaire majeur du Batailler jusqu’à la mer suivi d’un épi de protection de l’embouchure par enrochement. (Photo N°6)
Refaire le pont V. Auriol en allongeant à 20ml le passage de l’eau sous le tablier afin de maintenir une section de passage mini de 38 à 40m² avec 2ml mini de hauteur d’eau sous le pont. A noter que le positionnement du nouveau pont sera à définir avec le tracé de l’estuaire. (Voir § 1.3)
Élargir l’estuaire de 20 ou 22ml pour maintenir la section de passage sans obstacle à environ 40m²avant la mer.
Réaliser les berges en dur à partir du pont à la même hauteur que celle de la rive gauche et du mur de protection située en amont § 1.1,J , et ce jusqu’à l’épi d’enrochement à gauche et quelques mètres après la passerelle à droite.
Protéger l’embouchure du vent d’EST par un enrochement en épi sur la plage et au-delà si nécessaire,
Refaire une nouvelle passerelle au-dessus de l’embouchure.
Problème du Tracé de l’estuaire du pont V. Auriol à la mer:
La station de relevage et l’obligation d’une route à gauche (Ave Bouvet) pour la circulation des pompiers notamment sont des contraintes quasiment immuables sauf à faire des dépenses disproportionnées au regard des tracés qui peuvent l’éviter.
Sans être en mesure de prendre position, le tracé le plus économique et le plus simple à réaliser semble être celui qui contourne la station de relevage par la droite, tout en maintenant le passage souterrain actuel sur la gauche. Néanmoins, il faut étudier le tracé qui consisterait à partager le lit du Batailler en 2 bras (12ml à droite, et 8 ml à gauche) à partir du nouveau pont V. Auriol, les 2 bras contournerait la station de relevage de part et d’autre et se regrouperaient ensuite en un seul lit d’une largeur de 20ml.
Quoiqu’il soit, tous les tracés nécessitent une légère emprise, soit sur les parkings de la Lavandou-Plage à droite, soit sur ceux de l’Oustral del Mar à gauche et de tous les parkings publics jusqu’à la mer.
Aménagement d’un second estuaire du Batailler au droit de l’accès à l’ancien club de Bridge avec un épi de protection de l’embouchure par enrochement. (Photo N°5)
Réaliser un véritable Gué après le dernier immeuble de Lavandou –Plage en allant vers la Favière, après le mur de protection évoqué au § 1.1,j. en abaissant le niveau de la route d’une profondeur à définir sur une longueur de 8 à 10 ml.
Aménager un estuaire en dur jusqu’à la plage, dans le prolongement du Gué sur une largeur au moins identique à celle du Gué et une profondeur qui décline vers la mer.
Protéger l’embouchure du vent d’EST par un enrochement en épi sur la plage et la mer,
Une passerelle ne serait pas être nécessaire.
b. Aménagements de La Vieille et autres canaux de dérivations sur la commune du Lavandou
Remarque préalable
Comme nous le verrons ultérieurement à propos de la réalisation de canaux de drainage dans la plaine de Bormes, il faudrait que l’un d’eux puisse déboucher sur le canal du grand jardin par l’intermédiaire du canal « du vélo en barque » ce qui justifie encore plus le projet suivant.
Réalisation d’un second canal de dérivation
1. A partir du canal du grand jardin, Il longerait les terrains de sport avenue Pierre de Coubertin par des Buses en U de section de 1,8x (4/5ml de large) recouvertes par des Caillebotis amovibles,
2. Il traverserait l’avenue V. Auriol par des Buses rectangulaires de section 1,8x (4/5ml de large)
3. Et se prolongerait jusqu’à la mer au milieu de la rue de l'Oustral par des Buses en U identiques aux premières,
Recalibrage du canal « du vélo en barque » qui vient de la route de Bénat et rejoint le canal du grand jardin ,
Cette opération serait à envisager et à réaliser si nécessaire pour absorber le maximum d’eau en provenance de la plaine de Bormes par l’intermédiaire d’un bassin d’expansion en bordure de la route de Bénat, bassin qui serait alimenté par un nouveau canal de drainage de la plaine de Bormes en provenance du Castellan.
Reformatage du lit de Vieille entre le Pont de la D559 et la dérivation vers le canal du grand jardin
IL faudrait revoir le problème que pose le convergeant provoqué par la construction qui enjambe le lit après le pont de la D559.
D’autre observation et d’autres actions sont à envisager jusqu’à la dérivation.
Remarque transitoire :
Aussi importants soient-ils, les travaux envisageables sur la plaine du Lavandou sont néanmoins limités et contraints par l’emprise d’une urbanisation relativement dense.
A partir de ce que nous proposons sur le Lavandou, c’est sur Bormes qu’il faudra concevoir, développer et réaliser les aménagements d’envergure pour réduire très sensiblement les effets des crues du Batailler et de la Vieille. Mais c’est aussi sur Bormes que les bassins versants des deux fleuves sont les plus importants et qu’ils concentrent de fait le plus d’eau. D’où les propositions suivantes ;
Préconisations générales
Une devise : Ne pas confondre précipitation et efficacité.
Cependant: ce qui relève du bon sens et du raisonnement par défaut peut et doit être réalisé à court terme. C’est ce qui est prévu semble-t-il sur le Lavandou à l’approche et sur les estuaires. Cela améliorera la situation, mais ça ne suffira pas à résoudre les problèmes si l’on veut éviter de gros dégâts lors d’une pluviométrie centennale avec des intensités de 80 à 100litres/m²/heure pendant 30 à 40minutes comme nous en avons connues.
Sur le Lavandou: Il faut essayer de maintenir l’inconstructibilité des espaces verts restants dans la plaine et les espaces vierges en bord de mer entre l’estuaire du Batailler et la Favière; à savoir :
la propriété de L’Anglade qui constitue une zone d’expansion salutaire.
Les espaces libres après le pont « Zannini » dans la plaine du Lavandou
Mesure conservatoire
Pour étudier et gérer calmement tous les plans d’actions d’envergure, ne faut-il pas décider d’un moratoire des grosses opérations d’urbanisation sur les bassins versants du Batailler et de la Vieille et dans la plaine de Bormes et du Lavandou ?