Guerre civile. Coup d’état institutionnel mené par les juges. La présidentielle de 2017 se déroule dans un climat de barricades et de cocktails Molotov. Marine Le Pen et François Fillon pratiquent les tirs tendus. Les campagnes électorales ne sont jamais calmes. Elles sont même souvent violentes.
La cuvée 2017 est empoisonnée
Mais la cuvée 2017 est véritablement empoisonnée. Le candidat de la droite et la favorite des sondages optent pour le bon vieil adage : la meilleure défense est l’attaque. Mais ils utilisent des armes non conventionnelles. Attaquer la justice ou menacer de représailles des fonctionnaires va bien au-delà du combat électoral. C’est un véritable pacte « Faustien ».
La France grogne et gronde. Sur les marchés, dans les usines et les bureaux, l’envie d’en découdre avec le système est fort. Rouge, verte ou bleue marine, la colère traverse les camps politiques et les couches sociales. Marine Le Pen et François Fillon ont compris que leur salut peut passer par un calcul : « diaboliser » les institutions. Cette stratégie machiavélique fonctionne.
Une logique « révolutionnaire »
Évidemment, notre pays n’est pas exclusivement peuplé d’électeurs voulant sortir une fourche et gratter une allumette. Mais une large partie de l’électorat est dans une logique quasi « révolutionnaire ». À droite comme à gauche, des Français veulent renverser la table. Cette envie se retrouve même chez les soutiens du « policé » Macron et les électeurs du « sage » Hamon. Le fondateur d’En Marche ! doit son ascension fulgurante à la nouveauté qu’il incarne. Et le socialiste a été (confortablement) élu grâce à son invention (révolutionnaire) d’un revenu universel.
En fait, François Fillon et Marine Le Pen exploitent un (re) sentiment profond et largement partagé. En 1992, un essayiste américain, Francis Fukuyama a pronostiqué la Fin de l’Histoire. Les pays occidentaux sont censés, à la fin du XXe siècle, limiter leur horizon à la démocratie libérale. La France du XXIe siècle dément cette thèse. L’Hexagone est entré dans une tentation libérale : dénonciation à droite et à gauche de l’économie de marché, remise en cause des libertés sous le coup du terrorisme et recherche d’autorité. La défense de François Fillon et Marine Le Pen est conjoncturelle. Les deux candidats improvisent face à des « casseroles » judiciaires.
Mais cette communication de crise s’inscrit dans un contexte global. Un contexte de fronde larvée. Néanmoins, cela ne garantit pas l’efficacité de la ligne « Fillon-Le Pen ». La candidate FN est allée très loin en refusant d’être auditionnée par la police.
Le faux-pas de Marine le Pen…
Mais surtout elle a commis un véritable « faux-pas » en menaçant d’un bûcher les fonctionnaires qui enquêtent sur ses dossiers. Beaucoup de Français veulent casser la baraque. Mais ils ne veulent pas mettre le pays à feu et à sang. Révoltés, ils ne sont pas des « émeutiers ».
Du côté de François Fillon, ses attaques ne changent rien au fond de son problème. L’opprobre d’un enrichissement familial ternit définitivement son image. Le candidat a beau dénoncer une instrumentalisation (politicienne) de la justice, il ne convainc que ses soutiens les plus proches. Et encore.
Le Pénélope Gate a laissé des traces
Même dans l’électorat de droite le Pénélope Gate a laissé des traces profondes. Des électeurs peuvent parfaitement être convaincus par la thèse « filloniste » des juges politisés et être déstabilisés par l’emploi d’assistante parlementaire de Madame Fillon. L’instrumentalisation par François Fillon et Marine Le Pen d’un désir de fronde comporte une morale. Il ne suffit pas de surfer sur une mauvaise pour remonter à la surface.
Laurent Dubois
NDLR: commentaires fermés pour raisons électorales