Eté 2017, le burkini a mystérieusement disparu des plages du Lavandou. Le maire, dans son flicage vestimentaire (qualifié l’année précédente d’hygiénique), tolère bien mieux les inconvenantes tenues du "tourisme poubelle" qui pollue son centre-ville ou les inquiétantes tuniques intégrales de son votif Romérage.
A Cannes, août 2016, Siam, 34 ans, qui faisait trempette sur la plage vêtue d’un legging, d’une tunique et d’un hijab, est priée de quitter les lieux. Refusant de se dénuder, elle écope d’une amende. Elle racontera avoir entendu "ici, on est catholiques !" et conclura: "La parole raciste s’est totalement libérée."
Imaginé par une styliste australienne, le burkini n’est pas concerné par la loi sur la burqa, puisqu’il laisse apparaître le visage.
Mais, de nombreux maires de droite, en mal de médiatisation (dont celui du Lavandou), pondent à répétition des arrêtés antiburkini tous invalidés par le Conseil d’Etat pour "atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle"
Comment expliquer cette vague répressive ? L’historien Christophe Granger y voit une "judiciarisation du fait religieux, aiguillonnée par un bavardage journalistique démesuré qui accompagne les attentats, notamment celui de Nice".
Ces "pratiques d’apparence, contribuent à fabriquer le "problème musulman" et légitiment la peur de l’islamisation qui à son tour légitime l’intervention du droit contre elle".
Seulement, les prohibitionnistes sont souvent les mêmes d’une génération à l’autre. "Il n’y a pas de hasard en réalité… les municipalités prohibitionnistes de 2016 se retrouvent parmi les plus actives de celles qui avaient lutté contre les "barbares" responsables du "désordre des plages" dans les années 30, et plus encore contre les adeptes dépravées du "sein nu" dans les années 60 ".
Ainsi, la mairie du Lavandou, a pris un arrêté en… 1934 réglementant la tenue de plage; puis prohibé dans les années 1960 la pratique des seins nus et interdit le burkini en 2016...
La règle sociale qui impose de se dévoiler l’été est aussi récente que tacite. Ce qui semble irriter les adversaires du burkini, c’est que la femme musulmane transgresse une règle illusoire - de juin à août, il faudrait procéder à "l’effacement des états et des appartenances ordinaires" - alors qu'elle continue d’afficher qui elle est : une femme musulmane !
Mais que va décider (pour les autres) le maire du Lavandou lorsque la mode du "facekini" venue d'Asie débarquera sur ses plages ?
le "facekini", cagoule qui empêche le visage de bronzer, gagne du terrain sur les plages asiatiques à ne pas confondre avec l'intégrale anti soleil, le burkini ou la tunique intégrale des pénitents blancs