Il ne vous aura pas échappé le thème l’Eldorado et la date du 8 mars, judicieusement choisie à la veille des élections municipales (15 et 22 mars 2020), du prochain corso du Lavandou.
N’y voyez pas un heureux hasard, mais plutôt un habile calcul électoral. Nous en avons l’habitude et, faute de sinistrés et liste d'attente de logements sociaux (relire la mascarade de 2014), le maire sortant a imaginé une nouvelle forfaiture, via ses bienfaisantes invitations gratuites et la médiatisation du corso à destination de son fonds de commerce. Ainsi, pauvreté et dépendance ne manqueront pas ce rendez-vous clientéliste du désintéressé candidat, s’additionnant au fastueux repas de Noel des 650 invités du 15 décembre (arrangé par son bras armé : le CCAS). Pas vu, pas pris ! Votez pour moi !
Mais, revenons au thème de notre érudit littéraire. Tiré de Candice, écrit par *Voltaire, (chapitre 17) : l’Utopie de l’Eldorado est un petit conte philosophique pas si innocent que cela :
Le héros, Candice, accompagné de son ami Cacambo (un étranger), fuyant la Westphalie hostile, arrive à bord d’un canot sur les rives d’un merveilleux pays. Traqués, affamés, les fugitifs entrent dans le premier palais du village, d’où embaume une délicieuse odeur de cuisine et une mélodieuse musique. Aussitôt deux garçons et deux filles, vêtus de drap d'or, les invitent à se mettre à la table d'un savoureux repas de mets délicats et de vins fins.
Au moment de payer, il leur fut répondu « Vous n'avez pas sans doute de la monnaie du pays, mais il n'est pas nécessaire d'en avoir pour dîner ici. Toutes les hôtelleries établies pour la commodité du commerce sont payées par le gouvernement … »
Admiratif, Candice questionna : « Quel est donc ce pays, inconnu à tout le reste de la Terre, et où toute la nature est d'une espèce si différente de la nôtre ? C'est probablement le pays où tout va bien… »
Tout est dit dans ce conte et vous aurez sans doute reconnu le plus beau pays du monde : celui où les ancêtres sont arrivés à la rame ; où les barres de béton sont d’agréables palais ; où tout est gratuit (stationnement, logement, séjour…) ; où l’on vous distrait avec des animations de patronage ; où l’on surveille l’étranger avec des webcams ; où l’on construit les zones inondables, où règnent luxe et richesse ; où l’overtourisme ravage le littoral ; où l’on s’ennuie 8 mois de l’année…
Mais l’Eldorado du maire sortant dissimule bien d’autres messages habilement subtilisés à ses challengers.
Grâce à lui, le Lavandou c’est la Ville heureuse : un monde de plaisir et de bonheur; c’est l’optimisme : politesse et savoir-vivre (sic)
L'Eldorado, ce monde idéal, présenté avec ironie par Voltaire, absolument merveilleux où tout le monde y est heureux, n'existe pas. C'est une utopie dénoncée - comme le rêve - par Voltaire. Il faut être réaliste, arrêter de rêver.
Le maire sortant manipule les électeurs par l'autosuggestion et l’auto-hypnose puisque – selon lui - l’Eldorado serait le Lavandou. Mais dans ce cas qui serait Candice ?
Méfions-nous des utopiques parodies électorales du sortant !
*François-Marie Arouet dit Voltaire. 1694-1778 écrivain, philosophe et humaniste français
**Théodore André Monod, 1902-2000. Scientifique naturaliste et humaniste français.