Alors que le gouvernement se réunit en urgence pour sortir la France du chaos économique, le futur inquiète les Français : dette colossale, 14 millions de pauvres, chômage galopant… La note va se révéler douloureuse !
Et à la veille d’une présidentielle, la marge de manœuvre s’avère délicate. Après 2022, un cortège de mesures va nous faire considérer la pandémie comme une période d’opulence où l’Etat protecteur a jeté des milliards € dans la bataille. Demain l’expression « à tout prix » va prendre son sens premier.
La bonne nouvelle (en trompe œil) est que le PIB récupèrera des couleurs en passant de - 9 points à + 4 ou 6 points de croissance, même si l’endettement record de la France sera la "patate chaude" du prochain président. L’obsession sera de faire repartir la consommation, ce qui ne serait pas trop difficile après ces temps de privations.
La première astuce, de faire ressortir des banques 200 milliards d’épargne, est déjà dans les tuyaux de Bercy, à coup d’emprunts d’Etat (l’emprunt Russe est de sinistre mémoire) et de déplafonner l’endettement des ménages.
La seconde est de taxer les comptes bancaires supérieurs à 100.000 €, mesure déjà adoptée par quelques pays européens.
La troisième est le vieux serpent de mer déjà envisagé sous Sarkozy d’augmenter la TVA, dont le mérite est de partager l’effort entre tous, mais avec un risque évident de relancer l’inflation.
La quatrième est de raboter à l’extrême les dotations aux collectivités en les laissant se débrouiller avec leur fiscalité locale. Nous y reviendrons.
Enfin, la dernière est de relever l’IFI (ex ISF) ou d’inventer une nouvelle taxe de solidarité Covid sur tout ce qui circule autour des recettes d’Etat et de la Bourse. Cette contribution « exceptionnelle » a existé après 1916, 1926 et 1944 pour soutenir l’Etat mendiant.
Evidemment, nous n'oublions pas l'arlésienne d'une réforme et cure d’amaigrissement de l’Etat : réduction d’1 million de fonctionnaires remplacés par Internet, fin des soutiens militaires, cession de bâtiments publics, réduction des ambassades et des structures parkings …
La combinaison de tous ces leviers effacerait en une décennie l’effet Covid à la condition de ne pas replonger avant.
Localement - comme au Lavandou - ce sera moins facile. Embourbé dans la culture de l’oisiveté et la manne touristique centenaire, tout est à repenser pour remplir les clapiers de béton vides les 3/4 de l’année. C’est que le profil des touristes a changé : nomade, débrouille, écolo et beaucoup moins argenté.
Nos conseils municipaux, sclérosés par les vieux clichés, ne sont plus adaptés à cette mutation. Ils tireront toujours sur les ficelles de la taxe de séjour, redevances d’espace public, parcmètres, droit à construire, cession des derniers bijoux de famille et, en dernier ressort : l’imposition foncière.
Mais le code napoléonien date de 1804 et il serait temps de regarder autour de nous. L’idée ferait alors son chemin de supprimer radicalement les étages municipaux et départementaux au profit de l’intercommunalité à fiscalité propre, sur l’équipement et la dynamisation économique du territoire. Le Sénat et son bras l’AMF auront des contrariétés en perspective.
De toute façon, nous n’échapperons pas aux inéluctables réformes sans casser des œufs pour l’avenir de nos enfants.
C’est la leçon à tirer de cette période d'illusions sous le parapluie de l’Etat ! Or hélas : l’Etat c’est nous *
* "L'État, c'est nous" : Vladimir Lénine (1922) à ne pas confondre avec "L’Etat, c’est moi" : Louis XIV (1655)