Les Français contestent l’évidence qu’il faut travailler plus pour gagner… moins ! Alors que la France sociale affronte la réalité d’une économie en régression, la réforme des retraites risque de créer un nouveau coup de frein fatal à la maigre croissance.
La première retraite est née d'un privilège en 1673 pour les marins. Elle enchainera une succession de lois spécifiques promulguées pour les militaires (1831), les agents de l’État (1853), les mineurs (1894), les cheminots (1909) et les ouvriers de l’État (1928) … multipliant les régimes spéciaux dont la particularité était d’avoir beaucoup plus de cotisants que de bénéficiaires qui mouraient jeunes*. La Révolution (1790) accordera de nombreux avantages aux fonctionnaires (30 ans de cotisations pour une retraite à 60 ans) puis le CNR (Conseil National de la Résistance) généralisera la retraite en 1945 à tous les salariés avec la création de la Sécurité Sociale.
Dès 1947 le régime des cadres s’ajoute à la liste des bénéficiaires englobant au final les indépendants en 2006 (RSI).
Avec l’allongement de la vie, le temps de cotisations, tourmenté par l’équilibre financier, a suivi le nombre croissant de régimes corporatistes pour devenir une contreperformance à la croissance avec une charge impressionnante, bien visible entre la ligne du haut et du bas d’une feuille de salaire.
Les réformes successives ont précipitées les rancœurs, provoquées des mouvements de rues, effrayées les politiques. Pour en finir, la réalité s’impose de supprimer les privilèges et de prescrire une règle universelle de cotisations et de pensions …
Alors ? Faut-il accepter de travailler plus longtemps, réduire les pensions ou se débarrasser des retraités en surnombre ?
L’Etat n’a rien à voir dans ce débat philosophique puisque c’est bien l’impôt de tous qui comble péniblement le trou des retraites qui ne cesse de s’agrandir.
Il est par ailleurs cocasse de constater que les élus à l’origine de ce dilemme sont les premiers bénéficiaires d’un régime spécial de retraite nettement privilégié (1300 € par an de pension complémentaire avec possibilité de partir à 55 ans) cumulant habilement leurs mandats avec toute autre activité professionnelle.
Imaginez la retraite d’un élu aux affaires depuis 30 ans !
Cercle d'études Reyer
Marie-Noëlle NOBLE
* Espérance de vie en 1680 : 35 ans... contre 80 ans en 2022