A force d’accepter l’intolérable, les élus ouvre la voie hasardeuse du désordre, alors qu’ils devraient œuvrer à la probité et l’exemplarité.
Non ! chacun vante à son public ses « exploits » blâmés par la morale. Et leurs groupies qui, hier, demandaient la tête des tricheurs, menteurs, voleurs… arrivent à la rescousse des fautifs, prenant habilement à témoins les faibles sur l’iniquité, le partisanisme, la posture des prudents, la corruption des juges.
S’accaparant les attributs d’une monarchie de parti, ceux-là transforment leur petite république populiste en « démocrassie » sous l’ironie des autocrates qui ont remplacé depuis longtemps leurs Constitutions.
Friedrich Nietzsche éclaire notre paradoxe humain : « La folie est quelque chose de rare chez l'individu ; elle est la règle pour les groupes, les partis, les peuples, les époques. »
Il est singulier que les grandes démocraties brisent le droit international, repoussent les frontières, protègent le fanatisme et encouragent l’impérialisme par la suprématie militaire, technologique, douanière.
Et que dire des postures politiques, loin de la représentativité nationale, qui contredisent en permanence les lois votées la veille au Parlement ou détournent en catimini les deniers publics, en braillant dans la rue.
Ainsi l’homme nourrit inlassablement les conflits d’argent, de religion, de supériorité… trainant, dans l’anathème des conciles, une longue trainée rouge du sang des innocents. Posons-nous la question de savoir pourquoi la liste d’attente s’allonge pour les remplacer ?
Heureusement le troubadour Henri Salvador est encore dans nos mémoires :
« Faut rigoler, faut rigoler
Avant qu'le ciel nous tomb' sur la tête
Faut rigoler, faut rigoler
Pour empêcher le ciel de tomber »
Merci à Poutine, Trump, Kim Jong-un, Xi Jinping, Rachad al-Alimi, Miguel Díaz-Canel, Erdogan, Bachar al-Assad, Ilham Aliyev… et 50 autres autocrates planétaires de nous divertir de leurs fantasmes dans notre insignifiante existence.
Merci aussi à cet élu qui, s’exonérant d’un référendum local trop risqué, a fait les poches de ses concitoyens pour financer notre ligne Maginot, espérant le buzz des médias et une Légion d’Honneur. En affirmant, à propos de son don de 64.000 € à l’Armée, « qu'est-ce que 10 euros, franchement, par tête » ou « ce n'est pas de la politique, c'est de l'union nationale », ce dernier devrait se souvenir - du haut de son balcon municipal - que l’union commence d’abord dans sa commune (même pour 10 euros).
En d’autres lieux, cet élu marginalisé dans son appréciation, apprendrait à donner dans la discrétion sans soulever de controverses inutiles.
A l’homme éphémère, qui se divertit à sa perte sous une pluie d’étoiles filantes, je lui dédie cette autre citation de Nietzsche : « On veut la liberté aussi longtemps qu'on n'a pas la puissance ; mais si on a la puissance, on veut la suprématie. »
Patrick Richard