Ca y est ! nous sommes enfin dans la cour des grands, menacés par Al-Qaida, la finance internationale, l’Europe, le CAC 40, les israéliens, les africains, les roms, la CGT, le corps médical… et pour finir les français ordinaires mécontents de leur sort. C’est que la promesse électorale "travaillez plus pour gagner plus" s’est retournée contre son auteur. Alors, comme dans un dessin animé de Mister Bean, les cocus galopent après le petit homme du nouvel ordre mondial pour lui demander des comptes. Mais le malicieux a plus d’un tour dans son sac avec des arguments et un bon réseau d’amis comme parapluie.
Imaginez-vous dans le panier à salade des réformes furieusement secoué depuis 2007, au son du tambour. Vous avez une envie pressante d’en sortir en 2012. Au début personne n’osait se plaindre, mais à présent que les sondages s’effondrent à vue d’œil la porte de sortie est trop petite. Ce qui a fait titrer à l’Express "A-t-il déjà perdu ?" en parlant de Nicolas Paul Stéphane Sárkozy de Nagy-Bócsa.
Oui ! si le mécontentement mobilise trop longtemps ; non ! si la division s’installe parmi les grognons. Le véritable défi du gouvernement n’est plus de donner du rabot, murer de la niche fiscale, ne pas remplacer ses fonctionnaires (d’ailleurs combien en avons-nous ?) ou traquer le médicament, mais bien d’arrêter le cercle infernal de la dette publique (1591 milliards d’après le complaisant Figaro). Au pied du mur, la fermeté serait de frapper plus fort, avant que le choc ne soit aussi brutal que celui de la Grèce et bientôt l’Irlande. Les contorsions sécuritaires et autres écrans de fumée n’intéressent plus les français, tous préoccupés à ne pas tomber sous le seuil de pauvreté déjà franchi par 18 millions de compatriotes. Accessoirement, si on arrête de leur faire peur avec la grippe, le volcan Eyjafjöll ou d’hypothétiques bombes dans le métro, les citoyens peuvent encore entendre la TVA sociale, à condition de faire tomber le bouclier fiscal (ce qui ne saurait tarder). L’erreur de nos gouvernants est de ne pas voir dans la rue plus loin qu’une mauvaise humeur sur les retraites, dont chacun sait que le système par répartition est fini. Le malaise est bien plus profond et anti sarkozisme, anti droite autoritaire et arrogante.
Expliquer le désastre de la France par les 35 heures, l’immigration, la fuite des patrons est vain si l’Etat ne fait pas immédiatement une cure d’amaigrissement avec les autres cigales que sont les collectivités et les mairies, appuyant trop facilement sur les impôts locaux. Evidement le chantier est immense, impopulaire et il est peu probable qu’une mandature y suffise d’autant que l’incendie gagne les fidèles. Inutile de faire appel au FN, PCF, PS, NPA, Modem… par esprit de solidarité. Le mercato d’ouverture est bien terminé. La meilleure stratégie serait de geler les mauvaises annonces, liquider les auxiliaires par un profond remaniement, comme autrefois le monarque faisait disparaitre les détenteurs de secrets. Le prochain gouvernement doit donner un gage d’apaisement au peuple. Cette mission impossible pourrait échoir au centre droit dont il faut impérativement au président garder les voix après avoir pompé les électrons libres de l’extrême droite. Les colombes contre les faucons contiendraient ainsi l’opinion publique pour mieux repartir après les présidentielles. Ce scénario est très vraisemblable mais comme l’argent manque, le budget 2011 impactera fortement le vote 2012. Il est encore possible pour la France d’emprunter d’urgence 100 ou 150 milliards € aux pays arabes et aux chinois (agacés par notre soutien au nouveau Prix Nobel et qui diffusent en boucle nos expulsions de Roms en réplique du Tibet), faire appel au FMI (amusé par notre leçon sur la finance mondiale à la tribune de l’ONU), ou encore aux numéraires de l’Opus Dei reçus en grande pompe par le Pape en compagnie de notre "cher" président, chanoine de la Basilique Saint Jean de Latran. Histoire de rappeler que le monde économique est dirigé par "l’Œuvre". Tout juste de quoi arriver aux élections à cloche pied avec la menace d’un vote sanction pour 5 ans de désordre et d’incompréhension.