Manque de chance pour le Lavandou, toute la France se met en chasse des touristes qui deviennent la seule recette économique du pays. De la côte d’Armor à la Riviera en passant par Paris, tout le monde vante ses paysages, sa gastronomie et son accueil aux 83 millions de touristes qui nous visitent chaque année. C’est que la France exsangue (comme la plupart des communes) a besoin des 77 milliards d’euros (1,3 % du PIB) pour payer ses 6 millions de fonctionnaires et employés territoriaux. Net déséquilibre de la machine à fric : ce sont à peine 1 million de salariés et 274.000 entreprises du secteur qui rapportent cette manne. L’objectif est maintenant de franchir le cap de 100 millions de touristes, mais pour ce faire il va y avoir du travail car la France détient des handicaps majeurs : la langue, le racisme ambiant, la qualité des services, l’organisation du travail, l'imprivisation, les grêves surprises... sans compter le manque de curiosité à l’égard des nouveaux touristes (chinois ou du Moyen Orient) dont les goûts sont déroutants pour un français cartésien.
Au Lavandou, le parc hôtelier est vieillissant, la cuisine approximative, les prix supersoniques et l’accueil faussement généreux. Manque de personnel, comportement approximatif, manque d’ardeur au travail, animations désuètes sont le lot quotidien. Que faire au Lavandou un jour de pluie ou de mistral, avant le 1er juillet ou après le 30 septembre ? Tout est misé sur nos 12 plages et les quelques artisans traditionnels du coin. La vie culturelle y est aussi plate qu’un conseil municipal, le port sert de parking, les barres de béton de dortoirs; seule la grande roue, qui tourne de temps à autre, met un semblant de festif dans ce décor glacé de carte postale. Après, c’est affaire de goût : processions, pétards une fois le mois, sardinades made in Atlantique, Saint Sylvestre en été… et ne parlons pas de l’hiver, triste comme la toundra sibérienne. Le mairie de l’été, ne vaut pas mieux que la mairie de l’hiver. Pas étonnant que la moindre escale d’un bateau de croisière soit une fête des naufragés économiques du Lavandou. L’accueil reste la clé de la qualité tourisme comme la propreté des toilettes, le sourire du patron (souvent sur son bateau ou en sieste), l’ouverture non-stop des commerçants, la circulation ludique… Le Lavandou semble dépassé par l’ampleur des nouvelles règles touristiques et la concurrence féroce entre communes du littoral. En 100 ans de manne ininterrompue, de la jet-set 1913 aux sacs à dos 2013, les clients ont bien changé et le « Mascaroun » d’hier a cédé la place aux embouteillages des congés payés et aux petites arnaques en tout genre des professionnels, pressés de faire leur saison de plus en plus courte. L’impressionnant stock immobilier devrait servir de signal à tous; mais de cela la mairie du Lavandou ne voit rien, car la loi du silence reste la règle au pays des Bisounours. Citoyens tout va bien, la pêche aux thons - de plus en plus rares - est ouverte !