Synthèse menée par le Cercle d’Etudes Reyer, sources NousCitoyens et le Ravi.
Le clientélisme repose sur un échange entre élus et électeurs. Les élus fournissent un certain nombre de biens et de services en échange d’un soutien politique. Echange plus ou moins tacite puisque les élus ne peuvent pas contrôler le vote des personnes auxquelles ils ont rendu service. Une relation de confiance réciproque qui s’installe dans le long terme, parfois sur plusieurs générations. Il est attribué à l’ancien maire de Toulon, Maurice Arreckx, cette définition du clientélisme : “ La justice pour tous, les faveurs pour mes amis ”
Mais, que peut distribuer un élu ? Un certain nombre de biens de manière plus ou moins discrétionnaire. Les plus pratiqués : les emplois dans les collectivités locales, sociétés mixtes, administrations. L’autre levier est le logement social et les permis de construire ou encore des tolérances sur l’utilisation de l’espace public, au-delà de ce qui autorisé. Rajoutons divers passe-droits. ( PV municipaux jamais payés, bienveillance de petites attributions). Depuis quelques années, se sont développées les subventions aux associations.. Alors que la distribution de logements ou d’emplois concerne plutôt les plus pauvres, la distribution de subventions permet d’atteindre d’autres catégories d’électeurs. Aujourd’hui, la tendance est à un clientélisme de petits cadeaux. Aux traditionnels colis de Noël, balettis, journées crêpes, s’ajoutent quelques nouveautés made in China comme les stylos, calendriers, casquettes, porte-clés, assiettes, etc. Souvent plus que la valeur marchande des biens eux-mêmes, c’est l’attention donnée aux personnes qui compte. A ce niveau, le cumul des mandats permet d’obtenir davantage de ressources. La région Paca a ainsi financé des "colis de la région” distribués en grand nombre par les conseillers régionaux... dans leur circonscription. Les billets pour le stade, concerts, spectacles sont un autre exemple intéressant. Facile quand l’équipe gagne ; plus dur le reste du temps (c’est-à-dire souvent...). Du coup offrir des billets permet simultanément de faire un cadeau, de remplir le stade et de justifier les subventions par ce raisonnement astucieux : “ les gens sont tellement attachés à leur équipe, regardez le stade est plein à chaque match ”. Dans le même registre : l’attention portée aux leaders communautaires. Dans ce cas, les cadeaux deviennent plus conséquents puisque l’électroménager y tient une place de choix. Quelques frigos et télés, judicieusement offerts à la veille de l’élection, sont toujours appréciés. Mais de plus en plus, les services deviennent symboliques. Les élus reçoivent dans leur permanence, écoutent et écrivent des courriers dont ils font naturellement parvenir une copie à leur solliciteur, histoire de montrer qu’ils ont pris en compte leur problème. A tel point que les élus se décrivent comme des assistantes sociales et se plaignent des heures passées à écouter les malheurs de leurs administrés. L’aide fournie se limite souvent à cette écoute. En réponse aux problèmes qui leur sont exposés, les élus ne peuvent guère qu’écrire aux administrations susceptibles de fournir une aide. Ces courriers servent plus souvent à montrer que l’élu fait quelque chose qu’à produire une aide concrète. C’est donc la qualité de l’accueil dans les permanences qui fait le bon élu. Un président de Conseil Général s’est exclamé ainsi sur le sujet: « Si le clientélisme c’est aider les pauvres, les vieux, les chômeurs à trouver un emploi, un logement, de la nourriture, alors oui, j’assume le clientélisme, au nom de ma majorité », oubliant cette précision que l’on sert avant tout ses proches et les fidèles encartés ; et que ceux qui sont les plus en difficulté, ceux qui sont les plus loin des politiques ne pensent même pas à s’adresser à eux pour réclamer quoi que ce soit. Conclusion : le clientélisme est un subtil populisme en col blanc pratiqué à tous les étages de la République, cause de la réforme territoriale réclamée avec force par les français.