Les nationalistes sont vent debout devant la multiplication des migrants naufragés. Tout comme ce leader d’Europe du Nord qui proclame à leur attention, sous les vivats de son Assemblée : « bonjour, au revoir, bon retour chez vous ! ».
Que dire alors des élus italiens qui se démêlent des 130.000 migrants débarqués en 2014 et des 35.000 depuis le début de l'année à Lampedusa, première porte européenne ? Pourtant personne ne voudrait être à la place des rescapés : volés, traqués, humiliés et pourtant si humbles devant leurs illusions perdues. Cela nous rappelle quelques épisodes douloureux de notre histoire : la traite des noirs à fond de cale au départ de Bordeaux vers les Amériques, le joug allemand jusqu’à Paris, les campements inhumains de Calais… jusqu’où doit aller la fraternité ? L’Europe commence à bouger après avoir laissé l’Italie et Malte bien seules affronter ce flot ininterrompu. C’est que le danger se rapproche vers chez nous. Une erreur de cap et voilà les migrants à Marseille Toulon où… au Lavandou. Un comble pour une région si familière du Front National !
La question n’est plus de savoir pourquoi ces migrants quittent en masse leurs pays. Nous sommes bien les responsables de leur malheur pour avoir donné quelques bons coups de pied dans la fourmilière des despotes. La vraie question est que faire de cette masse (219.000 réfugiés à ce jour) qui n’a ni notre culture, ni notre savoir et risque d’ériger un nouveau communautarisme sur notre sol… Les remettre à la mer ? les intégrer ? les ignorer ?
En attendant, un renforcement d'urgence des moyens civils et militaires de secours, un rééquilibrage des quotas entre Etats où chacun prendra sa part du problème paraît désormais inévitable. Le contrecoup sera une nouvelle poussée des nationalistes qui veulent vivre repliés sur eux, fermant frontière, dialogue et partage.
Inversons les rôles. Que feriez-vous chassés par une implacable gouvernance nationalisme et rejetés par vos voisins ? cela ne vous arrivera jamais pensez-vous ? Pas si sûr ! L’histoire vous rappellera que les pessimistes de la dernière guerre vivent aujourd'hui aux Etats Unis, tandis que les optimistes sont morts dans les camps nazis. Ils ont aussi migrés en bateau mais les mêmes. Se voiler la face sur la fragilité de notre petite planète est une fuite en avant qui coûtera très cher aux égoïsmes. A résoudre : famine, eau, climat, religions, surpopulation, pauvreté, pollution... Le paradis perdu c’est où ? au Lavandou pardi !