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in mars 2016, au lendemain des attentats de Bruxelles, Yuval Noah Harari avait fait parvenir cette réflexion sur "le théâtre de la terreur".

Au lendemain de l'attaque de Nice, ce 14 juillet 2016, son texte reste, hélas, plus que jamais d'actualité.

"Un terroriste, c’est comme une mouche qui veut détruire un magasin de porcelaine. Petite, faible, la mouche est bien incapable de déplacer ne serait-ce qu’une tasse. Alors, elle trouve un éléphant, pénètre dans son oreille, et bourdonne jusqu’à ce qu’enragé, fou de peur et de colère, ce dernier saccage la boutique. C’est ainsi, par exemple, que la mouche Al-Qaeda a amené l’éléphant américain à détruire le magasin de porcelaine du Moyen-Orient.

Comme son nom l’indique, la terreur est une stratégie militaire qui vise à modifier la situation politique en répandant la peur plutôt qu’en provoquant des dommages matériels.

Dans le cas du terrorisme, la peur est au cœur de l’affaire, avec une disproportion effarante entre la force effective des terroristes et la peur qu’ils parviennent à inspirer.

Faites le compte de toutes les victimes (tuées ou blessées) d’attaques terroristes en Europe depuis 1945 (qu’elles aient été perpétrées par des groupes nationalistes, religieux, de gauche ou de droite...), vous resterez toujours très en-deçà du nombre de victimes de n’importe quelle bataille de l’une ou l’autre guerre mondiale
Aujourd’hui, pour chaque Européen tué dans une attaque terroriste, au moins un millier de personnes meurent d’obésité ou des maladies qui lui sont associées.
.

Comment alors les terroristes peuvent-ils espérer arriver à leurs fins ? C’est que, sous le coup de la peur et de la confusion, nous réagirons de façon disproportionnée en faisant un mauvais usage de notre.

Leur calcul est de tourner contre eux notre pouvoir massif et déclencher une tempête militaire et politique bien plus violente qu’eux-mêmes auraient jamais pu soulever.
Dans ce cas, ce qui n’était jamais arrivé arrive: des erreurs sont faites, des atrocités sont commises, l’opinion publique se divise, les neutres prennent position, et les équilibres politiques sont bouleversés.
Les terroristes ne peuvent pas prévoir exactement ce qui sortira de leur action de déstabilisation, mais ce qui est sûr, c’est que la pêche a plus de chance d’être bonne dans ces eaux troubles que dans une mer politique calm
e.

Voilà pourquoi un terroriste ressemble à une mouche qui veut détruire un magasin de porcelaine. Petite, faible, la mouche est incapable de déplacer ne serait-ce qu’une simple tasse. Alors, si elle trouve un éléphant, pénètre dans son oreille, et bourdonne jusqu’à ce qu’enragé, fou de peur et de colère, ce dernier saccage la boutique.

C’est ce qui est arrivé au Moyen-Orient ces dix dernières années. Les fondamentalistes islamiques n’auraient jamais pu renverser eux-mêmes Saddam Hussein. Alors ils s’en sont pris aux États-Unis, et les États-Unis, furieux après les attaques du 11 Septembre, ont fait le boulot pour eux: détruire le magasin de porcelaine du Moyen-Orient. Depuis, ces décombres leur sont un terreau fertile.

Le terrorisme est une stratégie militaire peu séduisante, parce qu’elle laisse toutes les décisions importantes à l’ennemi.
Un terroriste, c’est un joueur qui, ayant pioché au départ une main particulièrement mauvaise, essaye de convaincre ses rivaux de rebattre les cartes. Il n’a rien à perdre, tout à gagner 
"

La stratégie de la peur fonctionne parfaitement, comme l’attaque présumée à Juan les Pins ; l’accès aux petits bals conditionné à la fouille ; l’interdiction du port de la burqa et du burkini ; la kippa déconseillée et demain la croix autour du cou ; l’armement des milices municipales… et au final la division politique, la montée du racisme et l’amorce d’une nouvelle guerre de religion
Tout est écrit, car tout n’est que recommencement depuis la dernière guerre mondiale : 60 millions de morts inutiles pour un simple délit de faciès n’auront donc servi à rien
Les 3 coups viennent de cogner au "théâtre de la terreur" ! Le metteur en scène se frotte les mains, les spectateurs en redemandent !

L’homme - animal en sursis - s'égare dans sa quête de domination absolue...

Tag(s) : #Cercle d'Etudes Reyer
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