Comme un pied de nez à ses détracteurs, la mairie expose à la Villa Théo "un siècle d’architecture au Lavandou" en précisant, non sans humour, "que l'ancien village de pêcheurs du Lavandou a parfois été un terrain d'expérimentations architecturales". Doux euphémisme à la vue des images d’autrefois et celles d’aujourd’hui.
Exit les mythiques villa Reyer, "Droit Humain", Hotel de la Méditerranée, les Roches... détruits par la promotion immobilière; rasé l’original Bar du soleil remplacé par un parking jackpot; défigurée la Villa Mauresque dans le dos de la mairie, liquidés Grand Hôtel, pointe Monte Carlo, Casino, barques et filets tirés sur la plage du centre-ville; elle-même éventrée par un parking à bateaux sans cesse ensablé… et son nouveau port abonné aux faits divers.
Ringardisé le "Mascaroun", forcé d’abandonner sa voie à un petit train ambulant et sa citerne d'Aiguebelle à un bureau de tourisme à son tour délaissé; envolées les belles parisiennes sur le Front de mer, remplacées par des "bidochons" sous l’imposante grande roue made in Foire du Trône; cimentés les indomptables Batailler-La Vieille dont le tort étaient d'évacuer les pluies centennales; grignotées les plages de l‘Anglade et de St Clair par le bitume contre nature…
Depuis 1913 - en 15 maires successifs - le Lavandou est devenu méconnaissable. Et, en 40 ans, les deux derniers ont accumulés toutes les erreurs d’urbanisme, bétonnant sur le domaine maritime et les zones inondables; plantant des palmiers inadéquats; livrant aux promoteurs des espaces remarquables; jetant à la mer une "estacade Maginot" contre le courant Ligure...
C’est dire l’inaptitude d'élus déclamant fièrement "notre authenticité est notre force" et à qui nous confions notre patrimoine commun. C’est dénoncer aussi la désinvolture des électeurs préférant les affairistes et bonimenteurs professionnels.
Au fil du siècle, les barres d’immeubles ont défiguré le Lavandou sans espoir d’un classement au patrimoine de l’Unesco. Fallait-il une exposition confession pour mesurer l’énormité de cette dérive architecturale ? Pauvres Van Rysselberghe, Bonnier, Aubert, Lefevre et tant d'autres… remplacés par Vinci, Nexity, Cogedim, PIERsoHOME, JW Promotion, Progéréal… fallait oser !
Nostalgiques, sociologues, anthropologues et surtout scolaires… rendez-vous jusqu’au 6 janvier 2019 à la Villa Théo, dont la palingénésie peut être saluée par le travail de mémoire du Réseau Lalan.