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Le Cercle d’Etudes Reyer* présente sa réflexion sur le tourisme de masse qui détruit l'authenticité de nos communes.

Covid-19 confirmé dans 184 pays. Aéroports vides. Flottes aériennes immobilisées. Frontières fermées, interdictions générales de voyager. Hôtels fermés. Conférences, concerts et événements sportifs reportés. Les voyageurs dévorés par la peur. Compagnies aériennes, voyagistes, sociétés d'hôtellerie et de restauration faisant face à l'insolvabilité. Les valeurs boursières s'effondrent...
C'est ainsi que l'épidémie du Covid-19 a dévasté l'industrie du tourisme en seulement 60 jours.

De toute évidence, il y avait peu de préparation pour faire face à cette épidémie et la réponse hésitante de plusieurs gouvernements d'Asie, d'Europe et d'Amérique du Nord, en a davantage aggravé les effets. Beaucoup dans l'industrie du tourisme pensent que les aides du gouvernement sont indispensables mais pas suffisantes pour éviter le naufrage.
La seule façon positive d'aborder la crise est peut-être de la considérer comme une pause sur le redémarrage du tourisme.

Face à ces dommages incalculables, comment préparer la reprise du marché post-COVID-19 avec cette réflexion préliminaire de l’Etat à la mairie :
Qu'est-ce qui a été endommagé ou gravement détruit?
Qu'est-ce qui ne fonctionne tout simplement pas?
Qu'est-ce qui a besoin d'un redémarrage?
Que faut-il jeter entièrement?
Ce qui peut être récupéré…

1) Fini la mentalité du "tourisme à tout prix"
Donner la priorité au tourisme à tout prix a affaibli les fondements de l'industrie du tourisme. Cela s’est illustré par des promotions " Visitez le pays X " sans justification. Ces campagnes nationales annuelles faussent les marchés, détournent le marketing créatif et promeuvent le sur-tourisme (comme dans le Var). Elles entraînent également une forte dévaluation d’image (et, paradoxalement, une hausse des prix sur le terrain) afin d'atteindre un objectif abusivement fixé par les gouvernements. L'impact sur l'environnement n'est même pas pris en compte. Les touristes deviennent simplement une statistique économique. Exemple : l'annulation forcée de Visit Malaysia 2020, après moins de trois mois, n'est pas seulement de la malchance. C'est un avertissement que ces tactiques promotionnelles sont un vestige du passé. Le marketing touristique doit évoluer.

2) Le discount est inévitable 
Mais des baisses de prix excessives affaibliront le rebond. Le ralentissement mondial a révélé l'ampleur inquiétante de la surcapacité du tourisme. Les compagnies aériennes et les hôtels ont des retards à combler, et la première méthode est de baisser les tarifs. Mais, nous devons faire face au fait que de nombreux voyages et chambres d'hôtel pourraient ne pas rouvrir de sitôt. Ainsi, lorsque le rebond interviendra, les remises agressives se révéleront-elles une incitation pour les voyageurs qui se sentent à l'aise de voyager à nouveau? Ou cela renforcerait-il simplement la demande de voyages à prix réduit et rétablirait-il le même schéma répétitif ?

3) Le tourisme emploie 1 personne sur 10 en Paca
Et pourtant chaque année la région Sud constate un déficit de 40.000 emplois non pourvus. C’est un secteur clé dans lequel travailler. Les deux derniers mois ont reconfirmé l'importance économique mondiale des touristes - en particulier en Asie, en France. Mais comment le tourisme - et pas seulement la gestion hôtelière - peut-il devenir une carrière plus souhaitable pour les jeunes ? Dans l'ensemble de l'industrie, nous pourrions assister à un licenciement généralisé du personnel. Il serait cependant possible de créer de nouveaux programmes de formation et de développement des compétences. Construire une carrière dans une industrie en évolution rapide, en particulier celle qui reconfigure son avenir, doit être considéré positivement.

4) Les pays adoptent une approche cohérente
Pendant trop longtemps, les voyages entrants et sortants ont dominé. Le tourisme intérieur a tendance à disparaître des statistiques alors qu'il coûte moins en dépenses marketing et de médias. Mais, jusqu'à ce que les interdictions de voyager commencent à s'imposer sanitairement en Asie, USA puis politiquement en Europe (Angleterre) nous avions commencé à nous reconvertir sur les voyages locaux. Cela durera-t-il dans la période de récupération? Les voyages intérieurs ne devraient-ils pas être plus qu'une simple option de deuxième choix? Comment promouvoir efficacement les destinations secondaires et tertiaires? Quelles méthodes innovantes peuvent être déployées pour utiliser les données sur les voyages intérieurs pour créer de nouveaux produits et services pour les visiteurs entrants?

5) Quel marketing innovant pour attirer les touristes ?
La fidélité est rare. Les jeunes touristes ne revenant pas deux fois sur les mêmes lieux. Alors qu'une nouvelle visite est considérée comme une "conquête", celle "fidélisée" rapporte plus et coûte moins chère. Ainsi, les stratèges du tourisme peuvent utiliser cette pause pour rechercher, apprendre et recentrer leurs talents créatifs. Toutes les stratégies ne fonctionneront pas. Mais les commerçants doivent être encouragés à trouver de nouvelles solutions pour diversifier leurs marchés, créer des niches et des produits et des services de pointe pour accélérer le rebond espéré.

6) Des leçons à tirer sur le comportement des consommateurs
La distanciation sociale a modifié l'équilibre du mode de vie et la façon dont les gens interagissent au quotidien. Par exemple, rester à la maison et ne pas voyager peut rendre les consommateurs plus sensibles à leur propre santé et bien-être. Cette attention sur le bien-être pourrait créer de nouveaux moteurs de comportement, en particulier pour les restaurants, les expériences de spa et le tourisme de santé.

En Chine, nous constatons une augmentation massive des jeux et de diffusion virtuelle des voyages. Comment exploiter ces tendances ? Verrons-nous à l'avenir moins de déplacements hivernaux de peur qu'une épidémie similaire ne se produise? Certains pays ont publié des restrictions de visa et même des interdictions générales temporaires - seront-elles levées immédiatement ou par étapes? Les voyageurs peu enclins à prendre des risques éviteront-ils complètement les billets de banque souillés de germes au profit des paiements électroniques lors de leurs déplacements? Et les voyageurs réserveront-ils des vacances et des voyages d'affaires encore plus courts pour réduire le risque d'annulation?

7) Quel enseignement pour le Lavandou ?
Trop longtemps le Lavandou a vanté ses 12 sables et son soleil, convaincu de représenter le concept "3 S" des années 80 (sea, sex & sun) délaissant l'arrière-pays, l'écologie, l'histoire, la culture, la gastronomie …
Par mimétisme de la concurrence locale la cigale Lavandou irréfléchie s'enfonce désormais dans la spirale de l'overtourisme estival.
En 20 ans le tourisme s'est retourné par simple comparaison du rapport qualité/prix via les réseaux, blogs, influenceurs, avis clients et les majors de la réservation en ligne... guère à l’avantage de notre station balnéaire, dont les professionnels se laissent aveugler par la facilité, n’apprennent pas de langue étrangère, ignorent les règles du tourisme international, rechignent à se remettre en cause et surestiment leurs services. En quatre mois, ils veulent réaliser leur année de chiffre d’affaires sans réfléchir, accablés de taxes et de charges, sans personnel qualifié.
L’offre structurelle du Lavandou - et celle de la plupart des communes du littoral - s’est dégradée et n’est plus à la hauteur des nouveaux touristes qui considèrent la destination comme surfaite, décalée entre attentes, promesses et réalité.
De plus, au Lavandou, la reprise en main du tourisme par la municipalité, via un Epic et une valse de directeurs de station, a été une erreur fondamentale tant par le discours que par les outils et son séparatisme intercommunal.

La dernière réflexion est préventive : une épidémie de type COVID-19 est très susceptible de se reproduire et de s’ajouter aux risques écologiques prévisibles du bassin méditerranéen. Cela double le danger. Certes, les gouvernements, les offices de tourisme, les exploitants d'aéroport, les compagnies aériennes, les agences de voyages, les voyagistes, les hôtels, les OTA et autres doivent d'abord surmonter la crise actuelle. Mais ils doivent également planifier à l'avance toutes sortes d'hypothèses "catastrophes"… dans un avenir pas si lointain.

 

*Cercle d’Etudes Reyer : groupe de réflexion composé de femmes et d’hommes libres de toute appartenance politique sur Bormes, la Londe, Le Lavandou, le Rayol.

Tag(s) : #Tourisme
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