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Privés de touristes depuis 12 mois par la pandémie, nous les craignons mais les espérons ces migrateurs éphémères qui multiplient de 5 à 10 notre population. Malgré un sentiment d’exaspération de cette dernière dépossédée de son lieu de vie ; avec de graves conséquences :  prix de l’immobilier ; prolifération des clapiers saisonniers (sous couvert de loi Pinel) au détriment des résidents permanents ; dégradation des commerces de proximité ; précarisation de l’emploi ; dégradation du patrimoine et des écosystèmes, saturation routière, rupture de fluides, promiscuité sociale, incivilités...

Au Lavandou, l’espace public se métamorphose à vue d’œil aux attentes des touristes, réduisant ainsi l’espace vital des autochtones. Plus grave est l’empressement des groupes financiers et des élus soumis au SRU convertissant l’authenticité du lieu en dortoir à touristes sur l’autel du profit.
Comme le souligne Jean Viard* : "Tout activité humaine transforme le territoire. On ne peut pas déplacer tant de gens sans avoir des stratégies très précises"

Bien que la seule vision économique de la majorité municipale au Lavandou soit le tourisme afin de dynamiser son activité et relancer la croissance, les bénéfices ne profitent ni aux locaux, ni aux estivants. Les principaux gagnants sont les investisseurs privés (nationaux et internationaux), la bourgeoise locale (enracinée depuis la rupture borméenne), et les organisations mafieuses en col blanc qui œuvre en silence.

Dès lors, comment concilier accueil touristique et respect de la vie des lavandourains et quelles politiques publiques sont à mettre en place pour encadrer et gérer le tourisme de masse ?
Ces interrogations, Maitre Regain les a balayées depuis longtemps poursuivant le bétonnage systématique de son luna-park, démultipliant les structures publiques, tentant de garder la main sur la collecte fiscale via les paramunicipales, les associations, les animations de patronage, l’octroi des privilèges…
Coincé entre le « repli sur soi », l’individualisme, le tiroir-caisse et la triste réalité de la carte postale bien écornée, le Lavandou  2021 n’a plus rien à voir avec le petit village de pêcheurs de Francis Marmier vanté à tort.
Ici, comme ailleurs, le virage de la mondialisation est délicat à négocier. Pourtant "La mondialisation c'est aussi des hommes qui vont visiter d'autres hommes" (Jean Viard*)

Au Lavandou, des décisions courageuses sont à prendre en urgence :
- Restreindre le nombre d’hébergements saisonniers et surtaxer la saisonnalité estivale du parc locatif (comme à Paris, Nice…)
- Réguler la fréquentation à certaines périodes, préconisée par  cet accablant constat du Senat : « 7 000 touristes par jour sur les 7 kilomètres de long et 3 kilomètres de large sur l’île de Porquerolles… »
- Contrôler la hausse des prix des produits de base et réduire le nombre de commerces pour touristes, déloger l’automobile du centre-ville.
- Doper les périodes creuses en renonçant aux redevances, taxe de séjour… et proposer des aides aux professionnels ouverts.
- Sanctionner le maire, par une procédure collective, qui ne régule pas la fréquentation dès lors qu’elle présente un risque pour l’environnement ou le caractère du site.
D’ailleurs, le gouvernement et la région étudient des solutions de protection avec les préfets, contournant les maires et les dérisoires associations varoises, pour lutter contre « l’hyper-fréquentation ».
Pendant ce temps-là, au Lavandou, les promoteurs bétonnent les derniers terrains sous les vivats de l’inefficace majorité municipale (réélue par 153 voix d’avance dont 102 sur le seul bureau de vote de Saint Clair  au 2ème tour).
A chaque mandat, par manque de courage, le Lavandou dépossède son âme de son succès du siècle dernier.

*Jean Viard, varois, sociologue, éditeur, homme politique et prospectiviste (ancien président des groupes de prospective Tourisme au commissariat général du Plan et à la Datar).

Tag(s) : #Tourisme
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