Alors que quelques manipulateurs tentent de commencer Noël au 31 juillet pour faire de l'argent facile sur l'inculture populaire, Noel en Provence commence à la SAINTE BARBE (ou BARBARA): « le moment de planter le blé » le 4 décembre.
C’est le point de départ de la « période calendale » qui finira avec la Chandeleur, le 2 février. C’est le début de l’Avent (du 28 novembre au 24 décembre).
BARBE: Martyre d’Asie Mineure, au début du IVème siècle après JC. sous l’Empereur DIOCLETIEN.
Elle n’a pas de chance, car en 330, peu de temps après son martyr, la religion chrétienne devient tolérée, avant d’être instaurée religion d’Etat.
Fêtée le 4 décembre, jour légendaire de sa décapitation par son père lui-même, qui est aussitôt frappé par la foudre.
C’est bien sûr ce jour-là, en Provence qu’on sème le « blé de la sainte Barbe » dont la germination réussie annonce une nouvelle année de bonheur lié à de bonnes récoltes.
Cette tradition de fécondité vient des âges lointains où la survie était liée à la réussite des récoltes.
Rite qu’on peut retrouver par exemple en Egypte ancienne sous la forme de l’OSIRIS VEGETANT.
Les égyptiens après la crue, moulaient en effet de petites statuettes d’Osiris avec du limon nouveau du Nil ,mélangé avec des grains d’orge. Leur germination annonçaient là aussi bonheur et prospérité.
Les semailles n’étaient possibles qu’après le retrait des eaux, au début de la saison dite « Peret », qui situe fin novembre -début décembre…
Il faut, à mon avis, regarder la « légende chrétienne » (accompagnée de son cortège habituel de fantasmagories et de détails sadiques) d’un peu plus loin et avec un œil critique.
On constate alors, tout d’abord que le début décembre est le moment propice sous nos latitudes à la levée du blé hors de terre (les conditions d’humidité et de température du sol étant réunies).
Ensuite, que la foudre est devenue le « symbole » de Barbe.
Le châtiment du père de Barbe, foudroyé, fait bien sur référence à la foudre et au symbolisme créateur /destructeur de celle-ci, qui est la manifestation divine par excellence.
Le fait que le « père-créateur » immole sa propre « fille -crée », fait peut-être référence là aussi au cycle vie-mort-vie, sublimé dans notre tradition par le rite du blé et de la fertilité qui s’y rapporte. Et qui se retrouve d’ailleurs dans la pratique d’Osiris végétant (Osiris étant comme on le sait un dieu tué, démembré, reconstitué et ressuscité, qui se retrouve de ce fait le bienveillant dieu des morts).
Dans la plupart des traditions, la foudre est le symbole de la puissance divine en général, qui se manifeste par la création sur la terre quand elle la frappe. Si on laisse la foudre de côté en tant que châtiment divin (du père de Barbe), on peut alors faire le rapport entre la foudre et la puissance vitale qui est développée dans le grain qui germe.
On peut rapporter aussi cette « mort » amalgamée de Barbe et de son père, à la parole du Christ rapporté dans l’Evangile de Jean :
« En vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jean-12-24)
Le grain meurt, à l’instant de Barbe, mais la puissance divine (symbolisée par la foudre) va germer et porter ses fruits.
Il y a là, peut-être une relation possible entre le choix du nom de Barbe, sa mort, et la germination, la vie. Le grain meurt, en terre.
Barbe est du fait de cet éclair (le feu) qui lui est rattaché, la patronne de tous ceux qui ont affaire au feu d’une manière ou d’une autre : les pompiers, les artificiers, les canonniers, etc…
D’ailleurs, la poudrière dans les temps anciens, surtout sur les bateaux au temps de la marine à voile, était appelée « la Sainte Barbe » …
Par extension, elle est devenue patronne de tous ceux qui travaillent sous terre, notamment les mineurs.
On dit que c’est à cause des explosifs utilisés pour creuser.
Certes, mais avant l’invention des explosifs, et même au moyen âge (et peut être même avant) autant que je sache, on faisait des feux au fond des galeries de mine pour faire « exploser » la roche sous l’effet de la chaleur. C’était une technique pour faciliter le creusement. Là aussi il y a combinaison du feu (avatar de la foudre) et de la terre, pour en tirer une récolte (minérale et non végétale pour le coup).
La terre est donc là aussi présente, aussi bien dans la parole du Christ que dans la tradition du « blé de la Sainte Barbe »
Le nom de la Sainte, enfin…
D’après la légende chrétienne, ce nom lui serait venu du fait que les chrétiens voulant récupérer son corps supplicié, l’aurait désignée comme « la jeune barbare » ne voulant utiliser ni son nom païen, ni son nom chrétien.
Curieusement on ne connait d’ailleurs ni l’un ni l’autre, et donc « Barbe » serait juste un qualificatif substitué…
Or, en latin, si « barba » veut dire barbe, comme on pouvait s’y attendre, il veut également dire jeune branche, herbe tendre. La « barba Jovis » (Barbe de Jupiter) désigne aussi la joubarbe, espèce de plante grasse (dite succulente) très résistante au sec et au froid, présente dans le bassin méditerranéen et ailleurs, considérée comme porte bonheur et utilisée pour protéger de la foudre !
On voit que les relations entre hier et avant-hier, entre Barbe, le blé , la foudre, la terre, la mort et la vie sont complexes et que cette tradition du blé de la Sainte Barbe en ce début décembre n’est pas forcement qu’une coïncidence ou une tradition populaire archaïque et primaire.
Méfions-nous des marchands du Temple qui brouillent en conscience les cartes de la Tradition provençale; ceux qui écrivent l'histoire à leur façon dans le but d'asservir leurs électeurs... "Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn"
Cercle d'études Reyer
Jean-Pierre V.