Alors que les dépenses de fonctionnement des collectivités locales ont progressé en 2023 de +5,8 % , les dépenses d'investissement de +6,8% et les taxes locales de +9,7%, le nouveau gouvernement Barnier va serrer la ceinture aux élus locaux sur avis de la Cour des Comptes par une "réduction de 100.000 emplois" majoritairement portée par les communes et intercommunalités (soit 4,1 milliards/an) ; puis, à court terme, 8,8 milliards d'économies et 5,4 milliards de recettes en moins par an. Leur patrimoine foncier et immobilier (estimé à 2.100 milliards € en 2023) sera pareillement vendu si nécessaire.
Un coup de pied dans le « mille feuilles » à la française où chaque collectivité fait de son particularisme local une superposition de services, d’emplois et de fonctions électives, saugrenus aux yeux des français. Terminés les financements de projets fantaisistes et couteux nés des promesses électorales sur le dos de la Nation.
D’autres pistes sont également à l’étude : retour progressif au bénévolat des fonctions électives, suppression des privilèges de la fonction, interdiction du cumul et limitation des mandats dans le temps. Ce nouveau souffle démocratique vise à lutter contre les citadelles inexpugnables et l’incrustation des mandarins.
Si les élus locaux vont probablement voir rouge, qu’ils s’en prennent à eux-mêmes par leur goût du pouvoir, leur résistance à toute réforme, leur culture du clanisme, leur repli sur soi, qui morcellent l’intérêt national en un « mille feuilles » d'intérêts particuliers de 34.955 communes et 1.253 établissements publics ingouvernables.
La menace de la suppression des services publics par les communes trouvera sa relève par l’irruption de l’intelligence artificielle et la pratique des services en télétravail soutenue par le nomadisme de la société. Les emplois territoriaux seront aussi remis progressivement à 1.607 heures annuelles dans les collectivités, bien éloignés de la mansuétude des élus en faveur d'un corps électoral acquis.
Idem dans la fonction publique où 120.000 départs sont prévus par an, alors que l’on ne connait pas le nombre exact d’agents au travail (entre 5,2 et 5,6 millions fonctionnaires). Une utopie que Nicolas Sarkozy, en 2007, voulait déjà traiter par 1 million de départs sous sa présidence.
La France, Nation dont la fiscalité est excessive, le chômage irréductible, les prisons débordantes, la dette galopante, la pauvreté collective, l'insécurité migratoire en totem, ne peut plus se regarder le nombril au risque d’imploser son opinion publique.
L’union citoyenne d'une réforme en profondeur de l’Etat est le défi factuel de la République où chacun doit y prendre sa part.
Cercle d’études Reyer
Emmanuel Moreau