Pendant que l’Etat français, au bord de l’asphyxie, donne des leçons de gestion à la planète et prête à la Grèce 4 milliards d’euros sur 3 ans à 5% (eux-mêmes empruntés à 3,2%), la situation de la dette révèle notre précarité et la perte de l’identité française. Selon les derniers chiffres de la Banque de France, la dette de 1500 milliards d’euros est détenue par 65,7% de non résidents, (acheteurs asiatiques, du Moyen Orient et du Maghreb). Le solde est possédé à 18,3% par les assurances, 12% les banques, 4% des fonds d’investissement français.
En 2010, la moitié des dépenses publiques ne sera pas financée par des recettes. Il faudra donc emprunter à nouveau environ 205 milliards d’euros via des titres de moyen et court terme. Tout juste suffisant pour son déficit de fonctionnement et les intérêts (42,4 milliards d’euros) de la dette. L’efficacité de cette cavalerie bancaire, conjuguée à la vente discrète de participations dans des secteurs stratégiques et de matériel militaire (3ème pourvoyeur mondial), lui font une excellente réputation internationale avec la note bancaire AAA fixée par ses…créanciers. Le "grand emprunt" de décembre 2008 a trouvé preneur en une semaine. Mais la France, avec un déficit record (8,2% du PIB contre 3,7% pour l’Allemagne), est maintenant dans le collimateur de l’Europe qui lui demande impérativement de le réduire au plus près du pacte de stabilité (3% promis à échéance 2012), ce qui est irréalisable. D’autant que les petits pays vertueux, contraints de respecter cette règle comprennent mal ce régime de faveur.
La France et l'Allemagne "doivent être traitées de la même façon, avec les mêmes règles", a indiqué de son côté le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet. "La France donne un exemple déplorable" aux autres pays, a également souligné une source européenne, sous couvert de l'anonymat. Certains disent que la Grèce servirait de laboratoire à la France pour calibrer la pilule à faire avaler aux français lorsqu’ils se réveilleront trop tard. Pour les tester, l’Etat annonce adroitement un gel de ses dépenses publiques sur 3 ans, ce qui est favorablement reçu par l’opinion. Sauf que l’Etat c’est nous !
Demain, impossible de gérer un budget en équilibre pour les petites communes, prises entre deux feux : celui des prêteuses institutions locales exsangues, par la défausse de l’Etat ; celui du désamour des contribuables envers les professionnels de la politique, accélérant du coup la réorganisation territoriale et la réduction des déficits imposées par l’Europe. A petite échelle, le microcosme du Lavandou: dette escamotée depuis 1995, dépenses imprudentes, effectif pléthorique, recettes aléatoires, cession du patrimoine communal, majorité godillots, chiffres manipulés, caporalisme… sont à l’image de l’Etat impécunieux. Avec deux différences a) la presse varoise est complaisante b) l’échéance pour l’un est en 2012; pour l’autre, qui s’y complait depuis 15 ans, c’est 2 ans plus tard…