Le terme de "TVA sociale" prête à confusion car il ne s'agit en aucun cas d'une mesure sociale, c'est-à-dire destinée à améliorer le sort des salariés ou des classes populaires. Elle consiste tout simplement à augmenter le taux de TVA pour que cet impôt puisse financer les dépenses sociales. Les esprits simplets nous expliquent qu’elle doit pénaliser les importations des pays à bas coût qui détruisent nos emplois. Ils oublient de préciser qu’elle ne sera pas sélective en surtaxant tous les produits et que la Chine, le Brésil et d’autres pays émergeants rachètent notre dette sur le marché monétaire permettant de payer nos fonctionnaires et nos incessants emprunts (1700 milliards € à ce jour). Cette position suicidaire de la France signera à terme la reprise de l’inflation et une grande vidange dans la fonction publique, comme au Canada ou en Angleterre. Le principe de la TVA sociale est donc d'augmenter le taux de TVA pour financer la protection sociale et diminuer les charges sociales payées par les entreprises. Il s'agit donc d'un transfert de fonds: la baisse des charges pour les entreprises seraient compensée par la hausse de la taxe sur les biens de consommation payés par tous. La protection sociale serait alors financée par les consommateurs, donc potentiellement tout le monde, au lieu que ce soit les entreprises comme actuellement (avec la création d’une nouvelle TVA à 7% ou d'une nouvelle taxe sur les transactions financières poussée par Bercy). Pour équilibrer, il faudrait augmenter la TVA de 5 points; un point de TVA rapportant environ 7 milliards € supplémentaires. Ainsi, le taux de TVA passerait de 19,6% à 24,6%. La mesure toucherait plus durement les non-salariés, les chômeurs, les retraités, les précaires, les résignés du hard discount. Car la TVA qui est un impôt injuste frappe sans discernement. Lorsqu’on gagne moins de 1000 € par mois, on ne "défiscalise" pas sa fortune dans les paradis fiscaux, mais on la dépense en comptant scrupuleusement les centimes. Les conséquences seront une augmentation des prix sans obtenir la moindre compensation, une baisse de la consommation et un accroissement du chômage. Le slogan de 2007 "travailler plus pour gagner plus" sera donc remplacé, dans les faits en 2012, par "travailler plus pour gagner encore moins…" Les bernés apprécieront ! Inutile de dire l’impact impopulaire d’un tel constat à la veille d’une élection présidentielle. Après le bouclier fiscal, l’allongement de la durée du travail, la guerre incomprise en Libye, l’ardoise de + 500 milliards € du gouvernement, les 8 millions de pauvres, les 4,5 millions de chômeurs…la coupe est pleine pour la population prête à voter pour un nouveau messie. Echaudée par un message d’espoir en 2007, l’opinion n’est pas encore résignée au discours défaitiste du gouvernement mis devant le fait accompli d’un échec économique, avançant l’argument du naufrage de pays européens moins chanceux que nous. Inévitablement, le mandat du président sortant se termine dans le mur de l’augmentation fiscale, sans cesse repoussée par le gouvernement. Englué dans ses contradictions, ses voltefaces, ses erreurs comme le forceps européen et une politique sécuritaire paroxystique… le sortant cherche désespérément à voler l’électorat FN qui recrute sur son dos. Telle Jeanne d’Arc ayant entendue - parait-il - des voix célestes lui enjoignant de libérer le royaume de France des envahisseurs (comprenez des étrangers), il n’est pas certain qu’il puisse se faire comprendre d’un électorat radical qui veut le mettre sur le bucher. Quant aux collectivités locales, la TVA sociale leur coûtera juste une hausse fiscale ou une sérieuse coupe budgétaire imprévue sur 2012... !