Défenseur du made in France, ce bon soldat de la Sarkozie déboule dans toutes les usines menacées de fermeture. Et le fait savoir…
Un vrai coup de foudre. En juin 1988, Christian Estrosi est tombé sous le charme d’un jeune homme de son âge qui, comme lui, venait d’être élu député RPR. «Quand j’ai entendu Nicolas Sarkozy parler, j’ai tout de suite eu envie de le suivre», assure-t-il. A l’instar de son mentor, l’omniministre de l’Industrie sait occuper le terrain : du 15 au 30 juillet, quand ses collègues partaient en vacances, il a squatté les journaux télévisés en effectuant pas moins de sept déplacements, chez Nortel, Wirecom ou Bolloré.
Surnommé «motodidacte» par ses détracteurs, en référence à ses quatre titres de champion de France de 750 cm3 et à son absence de diplômes, ce Niçois de 60 ans pousse l’imitation jusqu’à dodeliner de la tête et à reprendre les expressions du président, comme «permettez-moi de vous dire». Nicolas Canteloup ne fait pas mieux.
Son enfance de cancre. Les études n’ont jamais passionné ce petit-fils de forain d’origine italienne. Calé en fond de classe, il préférait jouer à la belote et draguer. «C’était le tombeur du lycée, il sortait avec les plus belles blondes», se souvient l’ex-conseiller de l’Elysée Georges-Marc Benamou, son copain de l’époque. L’hiver venu, au lieu de potasser, il partait tous les week-ends dévaler les pistes de ski de la Colmiane, à 70 kilomètres de Nice. A partir de 16 ans, c’est la moto qui l’a dévoré. A tel point que, en 1973, il s’est présenté avec un quart d’heure de retard à l’épreuve de philo du bac. Il avait roulé toute la nuit pour revenir du Grand Prix de Magny-Cours, qu’il avait couru la veille. Sans surprise, il a raté son bachot. Et ne l’a jamais repassé.
Ses bonnes fées niçoises. «Je me suis fait tout seul», martèle Christian Estrosi quand on l’interroge sur son ascension politique. La vérité est plus nuancée. En 1983, c’est le maire de Nice de l’époque, Jacques Médecin, qui l’a fait élire conseiller municipal pour afficher à ses côtés la vedette sportive locale. Cinq ans plus tard, son beau-père, Jean Sassone, figure historique du «médecinisme», a pesé de tout son poids pour qu’il soit élu dans une circonscription du nord de Nice, où personne ne le connaissait. En 2001 enfin, c’est grâce à Jacques Peyrat qu’il a pris du galon au conseil général des Alpes-Maritimes. «J’ai convaincu le président Ginesy de le nommer vice-président», raconte l’ancien maire de Nice, qui a perdu la ville en 2008 face à… Estrosi.
* Président du Conseil Régional Paca depuis le 18/12/2015
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