L’électorat lavandourain est partagé sur ses discours lénifiants, ses excédents budgétaires, ses provocations humiliantes, ses déclarations médiatiques… cataplasmes de son inaction municipale.
Depuis 1995, cette recette locale permet à un petit groupe atypique d'enchainer des mandats électifs ininterrompus, preuve vivace du clanisme varois. Pourtant, sous la première République, l’agent municipal n’était élu au suffrage direct que pour deux ans et renouvelable une fois, par les citoyens actifs de la commune. Subordonné à ses électeurs, il était révocable à tous moments.
Aujourd’hui, avec une population composée à 60% d’inactifs et de retraités, le lavandou vit dans un autre monde, celui des bisounours, où l’argent facile de la spéculation immobilière, sur fonds de tourisme incontrôlé, l’enrichit sans fatigue. L’employé d’hier, sans connaissance, ni formation particulière, a inversé les rôles s’attribuant légalement un job lucratif. Renouvelé tous les six ans, non pas par ses résultats mais par ses réseaux et copinage.
Ainsi, depuis 30 ans, les enfants du Lavandou n’ont connu qu’un seul son de cloches, sans créativité, ni alternance démocratique, éduqués dans l’authenticité prétendue par l’édile. Le Lavandou est si bien façonné à son image qu’il pourrait en ambitionner l’autonomie en y battant monnaie… Ce repli sur soi pousse les plus lucides à déserter leur village pour tourner leur regard vers un autre horizon.
Si chaque élection apporte son lot de promesses, chaque fin de mandat révèle aussi ses mensonges, dont l’excuse invariable est la faute à pas de chance ou la faute des opposants. En réalité, l’actuelle municipalité – minoritaire - est figée dans son allégorie d’authentique petit village de pêcheurs qui pourrait être requalifiée d’authentique petit village de marchands du Temple.
C’est que le Lavandou depuis 1936 n’a jamais eu d’autre ambition que de traire les mamelles du tourisme. Or, l’épopée des congés payés n’a plus rien à voir avec celle de 2024 dont la demande déboulonne les podiums d’hier par des impératifs nouveaux : plaisir immédiat, qualité/prix, environnement naturel, enrichissement intellectuel, soif de découvertes, nomadisme … Des réponses contrariées au lavandou par la standardisation de l’habitat, l’environnement sacrifié, le ripolinage sans goût, l’animation de patronage, la malbouffe, la banalisation de l’offre... Heureusement, à défaut d'un grand projet, l’immuable sable fait toujours la beauté du paysage quand il n’est pas souillé par le surtourisme ou… emporté par le courant Ligure.
Dans ce contexte quel avenir au Lavandou ? Abandonner la place à notre agent municipal ou renouveler le souffle démocratique ?
La jeune génération peine à occuper le terrain, écartée par l’oukase bourgeois, l’affairisme local enrichi par 111 ans d’influence italienne, corse, russe… qui recyclent l’argent sale dans des affaires légales ; et aussi les quelques réseaux écossais au service des élites corrompues... L’effet Covid, l’insécurité à l’Est, ont largement rebattus les cartes des bénéficiaires effectifs sur le littoral varois. Sans oublier que l’addictocratie du pouvoir reste la seule survie des petites camarillas toujours avides de médailles sans tomber de l’échelle.
Cercle d'études Reyer
Jean-Charles L.