URGENCE transports : une gigantesque autoroute maritime
Le risque de pollution dû au transport maritime figurait déjà dans le rapport 2011 du sénateur Roland Courteau consacré à l'état de la Méditerranée. 31 000 routes maritimes effectuées par 13 000 navires, 250 000 escales de navires de 100 000 tonnes et plus et 10 000 navires en transit chaque année. Parmi eux, les pétroliers représentent 4 229 voyages en charge, transportant 420 millions de tonnes de pétrole brut dont 72 millions de tonnes en transit.
Aujourd'hui, près du tiers des échanges mondiaux y transitent et la Méditerranée est devenue en quelques années la deuxième région de croisière du monde avec 27 millions de passagers par an. Ces activités qui sont appelées à se développer dans les années à venir, tant en raison de la multiplication du nombre de routes que de l'intensification du trafic (élargissement du canal de Suez), vont inévitablement aggraver les pressions diverses exercées sur les environnements marin et côtier. Le transport maritime est responsable de nombreuses perturbations nuisant gravement aux espèces et aux habitats marins et littoraux : pollution, collision avec les grands cétacés, déchets marins, bruit sous-marin et introduction d'espèces non-indigènes, pour ne citer qu'elles.
URGENCE hydrocarbures exploités à outrance
20 avril 2010. Ce jour-là, l'accident de la plate-forme Deepwater Horizon fait 11 morts et laisse échapper pendant près de quatre mois, 4 millions de barils de brut. En 2011, le Sénat présente un rapport de l'OPECST (Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques) sur la pollution en Méditerranée. On y apprend que cette mer semi-fermée compte déjà une soixantaine de plateformes d'exploitation d'hydrocarbures (pétrole et gaz) en Italie, Tunisie et Lybie et que beaucoup de projets de forages à des profondeurs supérieures à 1 000 mètres sont dans les cartons. D'ailleurs, un projet de plateforme menace toujours jusqu'aux calanques marseillaises au large des parcs nationaux de Port-Cros où poussent les magnifiques herbiers de Posidonie et se reproduisent des espèces protégées.
En 2016, le constat global ne s'est pas amélioré : «40 % de la Méditerranée sont potentiellement ouverts à l'exploration d'hydrocarbures. C'est énorme, surtout lorsque l'on connaît les risques sismiques de la région», indique le directeur général du WWF. Une énorme menace plane donc sur cette mer réceptacle de 4,6 % des réserves planétaires de pétrole et de gaz. La production pétrolière en mer pourrait progresser de 60 % jusqu’en 2020 et la production de gaz multipliée par cinq jusqu’en 2030.
URGENCE pêche : des fonds raclés jusqu'à l'os
La multiplication des bancs de méduses chaque année jusqu'à l'invasion ? Les scientifiques sont formels, ces phénomènes sont des signes d'une dégradation du milieu marin. Exploitation minière des fonds, extraction d'hydrocarbures, pollution terrestre et trafic maritime y sont pour beaucoup. Mais la surpêche pourtant seul domaine en perte de vitesse, a aussi sa part.
En Méditerranée, qui couvre 1 % des océans mondiaux et abrite près de 9 % de la diversité biologique marine (17 000 espèces recensées), plus de 40 espèces de poissons vont disparaitre. Pour le seul thon rouge, «il y a eu une baisse d'environ 50 % du potentiel de reproduction au cours des 40 dernières années en raison de la surpêche intensive», explique l'UICN (Union Internationale pour la conservation de la nature). Les requins qui sont chassés pour leurs ailerons avant d'être jetés après découpe et les raies sont aussi durement menacés. Tout comme le mérou et le merlu. Quant au phoque moine, il a quasiment disparu et six autres espèces de mammifères marins sont proches de l'extinction.
Les lignes de pêche, filets de chalutage, et autres filets dérivants ont fait leur œuvre… Y compris sur la pêche artisanale qui peine à ramener de quoi remplir l'assiette. Mais un autre danger menace. La baisse des stocks de poissons pourrait en effet favoriser le développement de l'aquaculture. En France l'Ifremer s'attache à une aquaculture responsable. En Grèce, entre autres, antibiotiques et produits chimiques sont largement dispensés aux espèces élevées. Cette production est passée de 540 000 tonnes en 1990 à 1,4 million de tonnes.
URGENCE : 500 millions de touristes en 2030
Le succès du bassin méditerranéen, qui reste la première destination touristique dans le monde, n'est pas près de se démentir. Entre 2016 et 2030 les arrivées de touristes internationaux devraient croître de 60 % pour arriver à 500 millions en 2030. Cet afflux constitue une source de revenus indispensable pour les pays riverains du bassin. Mais sur cette côte où 90 % de la biodiversité se situe dans les 200 premiers mètres de la frange littorale, le succès se paie cash. 42 % du littoral est déjà bétonné et, «par rapport à 2005, 5 000 km de littoral côtier vont être artificialisés d'ici 2030, à l'échelle de toute la Méditerranée», indique le WWF.
En France, ce littoral qui s'étire sur 1 960 km, est le plus bétonné et artificialisé de France (61 %). Les concessions de plage, les ports et leurs marinas n'ont cessé de le grignoter provoquant ce que l'on appelle un mitage de la bande côtière. Et la côte d'Azur – 11 millions de touristes par an – n'est pas loin d'être comparée à un mur de béton.
À cela s'ajoute forcément la question de la gestion des déchets et des pollutions, à plus de 90 % d'origine terrestre : 250 milliards de microplastiques qui font de la grande bleue la mer la plus polluée du monde.
Enfin, le tourisme pose la question de l'eau : chaque touriste consommant environ 300 litres par jour (jusqu'à 880 pour le tourisme de luxe) soit le double des populations locales. L'Espagne, Malte, et l'Égypte développent des process pour réutiliser les eaux usées. Ce qui ne reste, pour l'heure, qu'une goutte d'eau dans un océan de vie menacé.
URGENCE : nos élus sourds et muets
Devant cette Méditerranée pillée et saccagée que fait le président du SCLV (Syndicat des Communes du Littoral Varois), vice-président de l’AEFM (association des Acteurs et Elus de la Façade Méditerranéenne) et tous les autres ? Messieurs assez de fumée… des actes SVP !