Pour faire court sur nos ancêtres, être français en 2016 ne veut pas dire la même chose qu'être français en 1600...
inventée sous la Renaissance, reprise par la Révolution française, brandie par Napoléon III, cette notion de "nos ancêtres les Gaulois" repose-t-elle sur un fait historique où n'est-ce qu'un mythe révisionniste ?
"Nos ancêtre les Gaulois, un peu Romains, un peu Germains, un peu Juifs, un peu Italiens, un peu Espagnols, de plus en plus Portugais peut-être qui sait? Polonais? Et je me demande si déjà nous ne sommes pas un peu Arabes ? Je reconnais que voici une phrase imprudente. C’est celle-là qui sera épinglée." s’amusait Francois Mitterrand (1987)
Pour Nicolas Sarkozy. "Le nivellement de la pensée unique sur le droit à la différence ça suffit. Moi je plaide pour le respect d'une communauté nationale, d'une identité nationale et d'une France que nous avons reçus de nos parents et que nous avons l'intention de transmettre à nos enfants". Une pirouette de langage inaudible par la moyenne des français.
Nos ancêtres les Gaulois est surtout une expression utilisée aux XIXe et XXe siècles pour évoquer la Gaule indépendante d'il y a vingt siècles. Elle sous-tendait notamment le récit de l'histoire de France dans les manuels scolaires de la Troisième République qui enseignait :
"Autrefois notre pays s'appelait la Gaule et les habitants s'appelaient les Gaulois" (cours élémentaire), ou "Il y a deux mille ans la France s'appelait la Gaule" (cours moyen).
"Nous ne savons pas au juste combien il y avait de Gaulois avant l'arrivée des Romains. On suppose qu'ils étaient quatre millions" (conclusions du livre du cours moyen).
Ou encore : "Les Romains qui vinrent s'établir en Gaule étaient en petit nombre. Les Francs n'étaient pas nombreux non plus, Clovis n'en avait que quelques milliers avec lui. Le fond de notre population est donc resté gaulois. Les Gaulois sont nos ancêtres" (cours moyen).
L’histoire de France habilement réécrite à chaque gouvernement par le Ministère de l’éducation ne s’embarrasse pas d’omissions ou d’inexactitudes. Dans les territoires d'outre-mer et les colonies françaises, l’histoire a été toutefois adaptée aux populations locales pour échapper au pyrrhonisme (Bonnefin et M. Marchand)
En vérité, la France a été peuplée par vagues successives : Ligures, Ibères, Phéniciens, Grecs et surtout - venus d'Europe Centrale - les Celtes… lorsque apparut l’autocrate César à la demande des Gaulois Incapables de s'unir face aux envahisseurs. Les Gallo-Romains contribuèrent ainsi à contenir les Barbares au-delà du Rhin et du Danube. Mais à partir du Vème siècle, les frontières du Nord cèdent sous la poussée de nouveaux envahisseurs : les mérovingiens, issus des francs saliens, convertis au catholicisme. L'Eglise fût dès lors l'alliée des nouveaux occupants et la seule puissance morale du pays. Vous connaissez la suite... du moins celle, risible, de nos ancêtres les gaulois que vous font gober à leur sauce les nouveaux tribuns qui chantent un peu trop facilement la Marseillaise adoptée depuis… 1879 !
Les sceptiques peuvent relire ici l'histoire de la Gaule mérovingienne
Au Vi ème l'Empire Romain d'Occident pour se préserver des invasions belliqueuses du Nord a employé comme auxiliaires d'autres peuples barbares auxquels il a donné des territoires et le titre de « peuples fédérés ». Les mérovingiens francs-saliens sont l'un de ces peuples mais pour eux, il n'y a pas de notion d'Etat, ni d'administration. Le royaume Gallo-romain n'est qu'une vaste propriété foncière à conquérir. Les gaulois se soumettent aux envahisseurs, tandis que les romains chutent comme le montre cette carte dynamique de l'invasion de 481 à 870