Contributions: Louis Genot, chris89, KLM, Martini.C,VVE
L’évolution du tourisme de masse a fait les joies du béton des 30 dernières années mais connait depuis 5 ans un puissant retournement vers les lieux protégeant la nature et contribuant au développement local. Cette tendance devrait encore s’amplifier en Europe où une course contre l’urbanisation intensive fait la part belle aux destinations authentiques. Ainsi plusieurs facteurs influences le choix des nouveaux touristes : protection de la nature, retour aux traditions, vie authentique… les touristes fuient désormais les formats standards : hôtels médiocres, plages bondées, surfacturation, dégradation des services...au profit des parcs nationaux, center parcs, îles, zones sans circulation. Ainsi l’écotourisme s’installe tranquillement en France comme le moyen de concilier plaisir du voyage, rencontres enrichissantes et écologie! Cela se traduit par le choix de destinations moins touristiques mais plus "naturelles" et "locales" .
Né il y a une trentaine d’années, le terme lui-même d’écotourisme est naissant. La définition qu’en donne la TIES (Société Internationale de l’Écotourisme) date de 1991: «L’écotourisme est un voyage responsable dans des environnements naturels où les ressources et le bien-être des populations sont préservés ». L’écotourisme s’oppose ainsi au tourisme de masse pratiqués par certaines villes du littoral varois, piégées par leurs investissements et une saisonnalité pesante. C’est une des formes du tourisme durable, plus centrée sur la découverte de la nature (écosystèmes, mais aussi agrosystèmes et tourisme rural), voire d'écologie urbaine (jardins écologiques, Espaces verts écologiques, réserves naturelles urbaines, jardins ouvriers et autres sujets du domaine de l'écologie urbaine...). La tendance est mondiale et concerne des paysages ou des espèces particulières (Ex. lions ou éléphants au Kenya, observation et/ou étude des oiseaux ou des baleines au Canada), tout en respectant les écosystèmes, voire en contribuant à les restaurer, dans une approche volontaire de "remboursement de la dette écologique" générée par ce tourisme, qui par ailleurs cherche à diminuer son empreinte écologique. Ce tourisme s'adapte aussi bien aux pays développés comme la France, une position que défend l'Association Française d'Ecotourisme depuis 2005, ainsi que d'autres associations nationales de l'écotourisme en Europe et en Australie.
En 2008, lors de la Quarante-huitième réunion de la Commission pour les Amériques (Séminaire international sur la gouvernance du tourisme dans les Amériques) à Villahermosa (Mexique), Francesco Frangialli, Secrétaire général de l’OMT a évoqué le fait de définir la notion de "tourisme écologique et durable". En effet, l’OMT a lancé son concours de photos sur le thème de la Journée mondiale du tourisme (JMT) sur le thème : "Le tourisme s’engage face au défi du changement climatique". Les photos primées sont affichées sur le site de l’OMT et exposées aux grands salons professionnels. Dans ce cadre, il a notamment déclaré : "L’écotourisme se veut une réponse durable" à l’inquiétante montée d’un tourisme de masse insuffisamment conscient des menaces qu’il fait peser sur l’environnement. Le développement d’un tourisme tourné vers une consommation de plus en plus rapide et "rentable" des voyages, où chacun pense avoir le droit de découvrir jusqu’à la parcelle la plus reculée du monde, participe à la menace qui pèse sur le renouvellement des ressources naturelles telles que l’eau douce, les forêts et les récifs coralliens, et met en péril la survie de nombre d’espèces vivantes, trop souvent exposées à la curiosité de touristes s’imaginant dans des zoos à ciel ouvert. ». M. Frangialli a donc proposé, lors de la Journée mondiale du tourisme, qu’un Groupe de réflexion travaille sur le thème « Le tourisme s’engage face au défi du changement climatique » à Lima (Pérou) afin d’élaborer « une charte éco touristique ».
Aider à faire prendre conscience de la nécessité de préserver le patrimoine naturel et le patrimoine culturel. Le tourisme étant l'un des secteurs qui connaît le plus fort taux de développement dans le monde, à l'inverse du tourisme de masse qui dégrade les milieux naturels, en intégrant une dimension éthique et écocitoyenne. Des guides de bonnes pratiques apparaissent, dont pour la prise en compte de la biodiversité dans les hôtels. De même, de nouveaux médias faisant la promotion de ces bonnes pratiques auprès des professionnels apparaissent.
En France, un quotidien en ligne, le Journal de l’Ecotourisme, existe depuis 2010. Celui-ci passe en revue l'actualité du tourisme durable et propose des reportages, articles et autres portraits d'acteurs (gérants de campings, propriétaires d'hôtels, gestionnaires de parcs d'attraction, de sites naturels..) engagés en matière de développement durable.
La "conservation", nécessaire à la préservation de la biodiversité et de ses fonctions... à travers la protection, voire la restauration des écosystèmes. L'opérateur touristique devrait justifier de l'absence d'efforts de conservation quand de tels efforts n'existent pas..
-Éduquer des voyageurs sur l'importance de la conservation ;
-Respecter de la diversité culturelle et ses liens à l'environnement ;
-Minimiser les impacts négatifs sur la nature et la culture que pourrait endommager une activité touristique (incluant le voyage pour l'accès à la destination) ;
-Réaménager le cœur des villes au sein des périmètres protégés (transports propres, centre de conférences, piétonisation, circuits pédagogiques, vigies…)
L'écoresponsabilité du voyagiste doit être mise en avant par des évaluations fondées sur des preuves, principes et critères clairs et transparents. Ce dernier doit travailler en coopération avec les autorités et populations locales pour que l'activité écotouristique apporte un double bénéfice, une réponse aux besoins locaux de développement et aux besoins de conservation de la nature.
Les revenus et autres bénéfices tirés de l'écotourisme doivent directement bénéficier aux populations de l'aire concernée et à celles qui en sont riveraines, et être utilisés pour la protection, gestion, restauration, conservation et surveillance de la nature et des zones protégées (incluant les aires marines protégées incluses dans la zone de projet ou en aval de cette zone le cas échéant); Développer très en amont la planification territoriale du tourisme pour en limiter et/ou compenser les impacts négatifs, et les adapter au mieux aux caractéristiques des régions naturelles et des habitats visités, si possible avant d'y lancer le tourisme, en épargnant les zones trop vulnérables (cœur d'habitat, réserve intégrale, sanctuaires de nature..) et corriger ces plans en fonction des retours d'expérience et évaluation des impacts du tourisme ; vérifier que la pression de l'écotourisme soit toujours inférieure aux limites naturelles et aux changements acceptables socialement pour la population autochtone et locale, avec des seuils à déterminer en amont par des chercheurs, avec la population.
Les principes et critères généraux du développement durable doivent être respectés par l'écotourisme, incluant la constitution ou l'utilisation d'infrastructures (accueil, routes, pirogues et autres moyens de transport..) de haute qualité environnementale (HQE) et un usage minimal et compensé des ressources fossiles ou pas, peu, difficilement ou coûteusement renouvelables, (naturelles ou fossiles).
L'encouragement du développement durable, en fournissant des emplois aux populations locales et autochtones.
Le partage des bénéfices socio-économiques et socio-culturels avec les communautés locales, en obtenant leur plein accord et accord éclairé, pour une participation à l'activité écotouristique et à la gestion de ses impacts.
Pour de nombreux pays, l'écotourisme n'est plus préconisé comme une activité marginale destinée à financer la protection de l'environnement mais parce qu'il y est devenu un secteur moteur d'une économie nationale, et un moyen de générer des revenus. Par exemple, dans des pays tels que le Kenya, l'Équateur, le Népal, le Costa Rica et Madagascar, l'écotourisme est devenu la principale source de devises.
Actuellement le Conseil Général du Var travaille sur l’écotourisme dans le cadre de son plan Horizon 2030 en aménageant les plages, protégeant les sites remarquables, favorisant l’extension du Parc national de Port-Cros ou les réserves foncière du Conservatoire du littoral… Tout cela souvent dans l’incompréhension ou l’indifférence des populations autochtones (cf : référendum du Lavandou du 22 mai 2011) et la fronde d’élus cherchant à conserver la main sur leur espace.
L’écotourisme est une question de temps et d’évolution des mentalités pour saisir cette nouvelle chance d’un tourisme plus responsable, porteur de richesses et d’emplois face au modèle vieillissant des "congés payés" qui a accéléré le désordre écologique, parfois irréversible de nos côtes françaises.